Le court du goûter : « La Petite Histoire de Gwen la bretonne » d’Agnès Varda

L’American Cinematheque a mis en ligne un court inédit d’Agnès Varda, La Petite Histoire de Gwen la bretonne (2008), dans lequel la cinéaste raconte avec la malice qu’on lui connaît l’itinéraire de Gwen Deglise, une amie française devenue programmatrice de l’institution située à Los Angeles. Varda en profite pour glisser quelques souvenirs de sa propre


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L’American Cinematheque a mis en ligne un court inédit d’Agnès Varda, La Petite Histoire de Gwen la bretonne (2008), dans lequel la cinéaste raconte avec la malice qu’on lui connaît l’itinéraire de Gwen Deglise, une amie française devenue programmatrice de l’institution située à Los Angeles. Varda en profite pour glisser quelques souvenirs de sa propre « ruée vers l’ouest ».

Varda en a rencontré du monde lors de ses quelques séjours aux États-Unis : elle a retrouvé un oncle éloigné (Oncle Yanco, 1967), interviewé les responsables du Black Panther Party (le court Black Panthers, réalisé en 1968), mis en scène l’icône warholienne Viva (son film hippie Lions, Love and Lies, 1969) ou encore suivi la trace des peintres anonymes des murals de Los Angeles (Mur Murs, 1981). Celle qu’Hollywood a consacré avec un Oscar d’honneur en 2017 a aussi mieux que personne fait ressortir la mélancolie de la ville californienne dans son beau film d’exil intime, Documenteur (1981).

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Le court mis en ligne par l’American Cinematheque de L.A. fait partie des nombreuses historiettes qui composent le grand feuilleton vardaien, éloge des rencontres et de la digression, toujours aventureux et surtout inépuisable. Gwen Deglise est cette jeune fille qui, un jour de 1996, a frappé à la porte de la maison rose d’Agnès Varda, rue Daguerre à Paris, pour lui vendre des livres d’art. La Bretonne cherche alors à réunir des sous pour partir à Los Angeles et suivre un amoureux avec qui ça ne marchera pas, finalement.

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Qu’importe, quand Varda vient la retrouver en 2008, elle a refait sa vie et elle est à la tête d’une des salles appartenant à la prestigieuse Cinémathèque américaine. Les deux copines se remémorent leurs différents rendez-vous quand la réalisatrice lui rendait visite et que Gwen organisait des projos sandwich dans un petit ciné club improvisé dans une librairie, symbole d’une cinéphilie un peu en marge, qui plaisait beaucoup à la cinéaste. Ce qui, comme souvent chez Varda, enclenche une narration en spirale, mimant les mouvements incessants de sa mémoire.

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Gwen Deglise, dit-elle, lui rappelle son amitié avec la réalisatrice Patricia Mazuy (Saint-Cyr, Sport de filles) qui était aussi à Los Angeles au moment où Varda concevait Mur Murs et avec qui elle partageait la même salle de montage… Mine de rien, en quelques minutes, Varda dit beaucoup de la fascination exercée par la cité des anges sur nos imaginaires, et comment quelques exilées (Varda, Deglise, Mazuy) l’ont investie dans une veine toute personnelle, rendant la ville moins imposante, plus intime et recelant de mystères hasardeux. 

Image de couverture : Varda par Agnès (2019) © mk2 Films/Ciné-Tamaris