« Le Chêne » de Lucian Pintilie

Trop peu connue, cette chronique politique lucide jongle entre fureur et humour désespéré, pour diagnostiquer la Roumanie post-communiste des années 1990.


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Trop peu connue, cette chronique politique lucide jongle entre fureur et humour désespéré, pour diagnostiquer la Roumanie post-communiste des années 1990.

Mise à jour le 23 /04/ 2020. Ce film n’est désormais plus accessible. Découvrez les films offerts sur mk2 Curiosity en cliquant ici

L’oeuvre politique du réalisateur Lucian Pintilie, figure du cinéma roumain, est habitée par la période houleuse du régime communiste liberticide de Ceaucescu. Après Dimanche à six heures (1966), sur un couple combattant corps et âme le gouvernement fasciste d’Ion Antonescu dans les années 1940, son scandaleux deuxième long-métrage, La Reconstitution (1968) – l’histoire tragique de deux jeunes gens chargés par la police de tourner un film de propagande contre l’ivrognerie -, lui vaudra un exil forcé en France.
Après 17 ans de censure dans son pays, il retourne en Roumanie tourner Le Chêne (1992), une fresque amère et drolatique, à la fois désespérée et pleine d’humour noir, sur le destin de Nela. Fille d’un ancien colonel de la Securitate tout juste décédé, elle quitte Bucarest pour entreprendre un voyage à travers ce pays tout juste sorti de la dictature, encore ravagé par l’autoritarisme. Devenue enseignante, elle fait la connaissance d’un jeune chirurgien qui a décidé d’opposer à l’absurdité du monde un rire sardonique…
Film mal-aimé à sa sortie, Le Chêne est un road-trip aride, une épopée décapante, dont l’héroïne, sans cesse en train de s’agiter au sein d’un cadre imperturbablement fixe, incarne la rébellion naissante d’un pays longtemps paralysé. Lucian Pintilie maîtrise habilement ce grand écart entre une mise en scène clinique, des décors nus, et sens du burlesque, souvent créé par des dialogues décalés qui ne sont pas sans rappeler ceux de son compatriote Emir Kusturica.
Mais cette chronique d’une lucidité confondante sur la Roumanie post-communiste est aussi un voyage quasi pictural au sein de lieux déserts, de pièces étriquées, de va-et-vient en voitures inutiles, de rues interminables qui disent l’impasse politique de ce pays épris de liberté et qui maintenant, qu’il l’a obtenue, ne sait plus tout à fait comment la vivre. Producteur du film, Marin Karmitz le résume ainsi : « Le Chêne traite de la résistance à la bar­barie. La solution de Pintilie: l’humour, les coups, peut-être l’amour. C’est un film violent, rapide, magnifique » 
Curiosity 939