Flash-back. En 1991, confortablement installé comme chez le psy dans le divan de l’émission d’Henry Chapier, Spike Lee (dont c’est l’anniversaire aujourd’hui) venait promouvoir à Cannes la sortie de Jungle Fever, drame sur fond de préjugés racistes. L’occasion d’évoquer ses conviction politiques, intimement liées à son histoire personnelle.
Fraîchement auréolé du succès de Do the Right Thing (1989), le réalisateur livre une interview engagée et éclairée, et commence par expliquer qu’il a très tôt été marqué par le manque de diversité dans la culture – entre autres témoignages poignants, il raconte que sa grand-mère teintait d’ailleurs en marron les jouets de sa mère car il n’y avait que des poupées blanches, et qu’il a réalisé à 7 ans qu’il ne pourra pas être scout à cause de sa couleur de peau.
En toute logique, cette enfance le dote d’une lucidité précoce : il comprend le rôle que le cinéma peut jouer dans la représentation des minorités. Dès son premier long-métrage, Nola Darling n’en fait qu’à sa tête (1986), il déconstruit les stéréotypes assignés à la population afro-américaine en montrant une jeune femme noire émancipée dans sa sexualité.
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Vient alors le moment d’évoquer Jungle Fever, cinquième long-métrage de Spike Lee présenté à Cannes. Henry Chapier parie sur le succès probable du film – dont la bande son est écrite par Stevie Wonder – et demande à Spike Lee si son ascension sociale n’engendra pas le déclin de sa féroce charge politique. Ce à quoi ce dernier répond immédiatement par un geste négatif du doigt : « Pas du tout. Quand j’ai commencé à faire des films, j’avais un programme en tête et je m’en tiendrai à mon programme. »
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Avec un franc-parler lucide, le cinéaste, qui dit assumer gagner de l’argent dans une industrie qui en génère beaucoup, finissait sur ces mots : »Je préserverai mon intégrité. Je ne me vendrai pas ! »
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