Alors qu’il a achevé il y a quelques mois le tournage du très attendu Benedetta, on vous propose aujourd’hui de revoir cette interview dans laquelle Paul Verhoeven, accompagné par ses acteurs Michael Douglas et Sharon Stone, aborde le thème de la sexualité, omniprésent dans Basic Instinct.
Après RoboCop (1987) et Total Recall (1990), Verhoeven réalise en 1992, un nouveau – et dernier – grand succès aux États-Unis avec Basic Instinct, présenté comme un divertissement hollywoodien érotique du samedi soir. Le cinéaste y transcende le scénario de Joe Eszterhas (futur scénariste du flamboyant Showgirls, toujours signé Verhoeven) et livre un formidable thriller hitchcockien où violence et sexualité tendent à se confondre.
Plus qu’une simple exploration de notre voyeurisme, le film déploie finement des rapports troublants et pulsionnels guidant le flic acariâtre Nick Curran (Michael Douglas) et la vénéneuse autrice Catherine Tramell (Sharon Stone).
Dans une interview de l’époque, le journaliste américain Barry Norman aborde avec le réalisateur et les deux acteurs principaux l’aspect sulfureux de Basic Instinct. Sans détour, Norman pose à Verhoeven une question brûlante : peut-on considérer son film comme misogyne ? Il pense notamment à une scène de date rape, terme popularisé par un courant féministe américain des années 1980 qui défend l’idée qu’un viol est un crime pouvant être commis par un proche intime et pas seulement par un sombre inconnu – c’est l’autrice, journaliste et activiste américaine Susan Brownmiller qui l’a formulé pour la première fois dans son ouvrage Against Our Will : Men, Women and Rape, paru en 1975.
Le cinéaste hollandais se défend en arguant qu’il n’en fait absolument pas l’apologie, mais qu’il sert à décrire le personnage de Nick Curran. Son interprète Michael Douglas voulait quant à lui se lancer dans un nouveau défi : « Je voulais faire un film sexuellement explicite dans un pays très conservateur et répressif ».
Dans le film, il succombe au charme de Sharon Stone, qui campe une présumée meurtrière. L’actrice analyse la fameuse scène de l’interrogatoire (avec son croisement de jambes) qui sert selon elle à asseoir l’autorité de son personnage : «Ce n’est pas un mouvement sexuel mais un mouvement de pouvoir, elle dit à tous ces gens présents dans la pièce : J’ai un pouvoir absolu sur vous, vous ne pouvez pas me battre ». Une manière bien subtile de souligner que la sexualité chez Verhoeven n’est jamais gratuite mais sert à dessiner des rapports de force.