L’archive du déjeuner : quand John Cassavetes déclarait son amour pour E.T.

On le savait fan de Carl Theodor Dreyer et Roberto Rossellini, mais ce cinéaste plein de surprises était aussi un grand amateur d‘E.T. de Steven Spielberg, qu’il qualifie de « conte de fée » humaniste. Dans une archive émouvante dénichée par Eyes On Cinema, le cinéaste évoquait sa tendresse vis-à-vis de cette créature imaginée par Steven Spielberg


On le savait fan de Carl Theodor Dreyer et Roberto Rossellini, mais ce cinéaste plein de surprises était aussi un grand amateur d‘E.T. de Steven Spielberg, qu’il qualifie de « conte de fée » humaniste.

Dans une archive émouvante dénichée par Eyes On Cinema, le cinéaste évoquait sa tendresse vis-à-vis de cette créature imaginée par Steven Spielberg en 1982, devenue une véritable coqueluche inter-générationnelle pour des millions de spectateurs, symbole geek et pop par excellence.

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Étonnant qu’un réalisateur indépendant comme Cassavetes, connu pour son style radical et naturaliste (la spontanéité animale de ses acteurs, la proximité de la caméra, le rythme fiévreux, l’intimité des huis clos filmés en plan-séquences) apprécie ce blockbuster que certains jugeront aujourd’hui un peu vieillot et mièvre. Mais ce qui semblait toucher Cassavetes en plein coeur, c’est la tendresse de ce personnage rejeté pour son hybridité, mi-alien, mi-humain. Si E.T. est un film « merveilleux » selon lui, et qu’il résonne violemment en chacun, c’est parce que c’est un « film qui parle de douceur, d’amour », « comme un conte de fée ». 

L’admiration que vouait Cassavetes à Spielberg était réciproque : dans son ouvrage Cassavetes on Cassavetes, publié en 2001, Ray Carney raconte que les deux hommes se sont brièvement croisés. Alors que Spielberg n’était encore qu’un débutant inconnu, il s’était fait engager sur le tournage de Faces en 1968 en tant qu’assistant de production non crédité. La suite est racontée par Ray Carney dans son livre, d’ailleurs dispo en intégralité en ligne juste ici :

« Pendant trois jours, un tout jeune Steven Spielberg travailla comme assistant de production, offrant café et cigarettes à l’équipe de tournage et au casting, avant d’en avoir assez et de partir. Deux ans plus tard, Spielberg se trouvait sur un plateau de tournage pour un Show TV dans lequel jouait Cassavetes lorsque celui-ci, qui n’aurait logiquement pas pu se souvenir de lui, le surprit en allant le voir lors d’une pause, et lui demanda ce qu’il pensait de la scène qu’il venait de tourner. Lorsque Spielberg lui rétorqua qu’il voulait devenir réalisateur un jour, Cassavetes lui demanda alors comment il l’aurait dirigé dans la scène qu’il venait de tourner, et mit en pratique ses conseils pour la prise suivante. Cette manière de faire était typique de Cassavetes. Avec lui, personne n’était indigne de lui parler et inapte à lui donner des conseils, pas même ce jeune d’une vingtaine d’années qui se tenait à l’écart du tournage ». Comme quoi, les plus belles filiations sont souvent les plus improbables.