Après The Covers Record (2000), où, dans un filet de voix et sur des arrangements lo-fi, elle se prêtait pour la première fois à l’exercice, et Jukebox (2008), où elle explorait ses nouvelles velléités de chanteuse soul, la confiance de Cat Power dans le pouvoir de son chant a encore grandi sur cette nouvelle collection de reprises de Frank Ocean, Lana Del Rey, Iggy Pop, Nick Cave et quelques autres.
En les féminisant (pour celles écrites par des hommes) et en transformant parfois leurs paroles, elle s’approprie des chansons évoquant la fatalité, le déterminisme, le sentiment d’aliénation et, dans un engagement total, exprime la volonté de se libérer de toutes ces chaînes, de s’affirmer en tant qu’être humain, femme, chanteuse.
« Pendant toute ma carrière jusqu’à The Greatest en 2006, nous dit-elle au téléphone, je ne regardais jamais le public en concert, j’étais toujours cachée derrière mes cheveux, mon alcool, ma peur, ma timidité, ma peine. Quand je suis finalement devenue sobre, après avoir suivi une thérapie, j’ai regardé le public pour la première fois de ma vie. J’avais confiance en ma voix pour sauver des êtres humains, en chantant pour eux, en pensant à eux. Maintenant, je n’ai plus honte de ma voix. » En chantant les autres, Cat Power se chante toujours elle-même, et c’est sans doute le plus bel hommage que puisse recevoir une chanson.
Covers de Cat Power (Domino), sortie le 14 janvier
Image (c) Mario Sorrenti