La comédienne révélée par Georges Franju et que l’on a récemment pu voir chez Mia Hansen-Løve et Paul Vecchiali est décédée ce 26 juin à l’âge de 81 ans.
Dans le film qui l’a rendue célèbre, Les Yeux sans visage (1960) de Georges Franju, Edith Scob est privée de traits. Défigurée, elle y joue la fille d’un chirurgien fou qui cherche à lui rendre son visage après un accident de voiture dont il est responsable. Cette silhouette secrète au teint diaphane et aux yeux écarquillés, aussi gracieuse que spectrale, poussera les cinéastes à lui confier par la suite des rôles évanescents – elle est la Vierge dans La Voie Lactée de Luis Buñuel ou Oriane de Guermantes, qui fascine le narrateur dans Le Temps Retrouvé de Raoul Ruiz, dont elle deviendra une muse récurrente.
Après les années Franju (le cinéaste la dirige dans Thérèse Desqueyroux, Thomas l’Imposteur et Judex par la suite), Edith Scob, qui avait déjà mis en scène Le Square de Marguerite Duras en 1961 se tourne dans les années 1980 vers le théâtre: Anton Tchekhov, Racine et Georges Perec font partie de son répertoire hétéroclite, et elle créé avec son compagnon Georges Aperghis des pièces musicales (L’Aveugle de Bagnolet, Marchand de plaisir, marchand d’oublies, La Poupée Nina).
Après une carrière au cinéma marquée par des rôles de jeunes filles martyrisées ou endolories (dans le sillage de ce que Franju a pu faire), elle compose à l’écran des personnages plus pervers et ambigus, notamment chez Andrzej Żuławski qui lui donne dans La Fidélité en 2000 le rôle impressionnant d’une alcoolique ou chez Christophe Gans une composition de mère meurtrière dans Le Pacte des Loups. Mais c’est Leos Carax qui lui rendra sans doute le plus bel hommage en lui faisant porter, à la fin d’Holy Motors, le masque inquiétant et pourtant si humain qu’elle arborait dans Les Yeux sans visage.
Image: capture d’écran Youtube