Après In Another Country (2012) et La Caméra de Claire (2018), Isabelle Huppert revient chez Hong Sang-soo dans le rôle d’Iris, une Française exilée à Séoul. Professeure autoproclamée, elle donne des cours de français pour payer son loyer en utilisant une méthode atypique.
Au lieu d’enseigner de manière conventionnelle, Iris incite ses élèves à verbaliser leurs émotions à partir de la musique qu’ils jouent (donnant lieu à des mélodies diégétiques d’une grande douceur). Elle transcrit ensuite ces sentiments en français sur un bout de papier et invite ses élèves à s’en imprégner pour le prochain cours. Confrontées à cette méthode déroutante, ses deux apprenties réagissent avec la même retenue, révélant la rigidité des conventions sociales sud-coréennes face à une Iris qui agit comme un électron libre…
Cette technique d’apprentissage singulière résonne avec la manière – tout aussi particulière – de tourner du cinéaste sud-coréen. Sans scénario ni dialogues écrits, ce dernier mise sur le naturel des acteurs et capture une vérité organique grâce à une mise en scène qui laisse aux personnages une liberté totale dans le cadre : plans fixes, quelques mouvements de caméra pour suivre l’action et de rares zooms. Récompensé à Berlin, La Voyageuse est un petit film formidable dans lequel Isabelle Huppert livre une performance saisissante.
La voyageuse de Hong Sang-soo (Capricci Films, 1 h 30), sortie le 22 janvier