« Tu es la première à m’avoir choisie. Tu m’as choisie de dos. Au conservatoire !! (…) Quelle chance j’ai eu de te connaître. De rentrer dans ton univers génial. » Sur son compte Instagram, Sandrine Kiberlain rend hommage à celle qui lui confia en 1991 un de ses premiers rôles importants, aux côtés de sa sœur Hélène Fillières, dans son court-métrage de fin d’études Des filles et des chiens. Décalé, impertinent, teinté d’une mélancolie étrangement réconfortante et chaleureuse, ce court est à l’image de ce que sera sa filmographie singulière. Diplômée de la FEMIS en section réalisation, Sophie Fillières fait souffler un vent de renouveau dans le cinéma français des années 1990, aux côtés Noémie Lvovsky – avec qui elle a coécrit Oublie-moi en 1995 – Arnaud et Jean-Marie Larrieu – avec qui elle a coécrit Un homme, un vrai, en 2003 – ou encore Sólveig Anspach. C’est le réalisateur Mikael Buch qui a annoncé, sur son compte Twitter, la nouvelle.
Avec Sophie, on avait l’impression que les silences pouvaient être emplis de mille paroles,mille émotions.C’est peut-être pour ça qu’elle était une immense cinéaste de la parole. Sophie Fillières était un être exquis,irremplaçable. Sa malice,son élégance m’accompagneront toujours pic.twitter.com/ebSNbsLff5
— Mikael Buch (@mikabuch) July 31, 2023
Sophie Fillières a souvent mis en scène, avec un don particulier pour les quiproquos et les joutes verbales, des héroïnes en crise capables de se renouveler au coeur du doute, ou du drame : on pense à Chiara Mastroianni en écrivaine mutique et somnambule dans Un chat un chat, à Sandrine Kiberlain, endeuillée de sa meilleure amie et confrontée à une version plus jeune d’elle-même (Agathe Bonitzer, la fille de Sophie Fillières) dans La Belle et la Belle, ou encore à Emmanuelle Devos en médecin adultère tiraillée entre le confort et l’aventure dans Gentille. Toujours sur le fil entre sérieux et dérision, elle orchestre avec finesse une crise de couple entre Emmanuelle Devos et Mathieu Amalric dans Arrête ou je continue, tandis que dans Aïe, André Dussollier campe un quinqua en pleine reconquête amoureuse. Sophie Fillières venait de terminer le tournage de son septième long métrage, Ma Vie, ma Gueule, avec Agnès Jaoui et Philippe Katerine, sur l’histoire de Barberie Bichette, une femme 55 ans qui décide d’enfin prendre le large dans les hauteurs sauvages de l’Ecosse. Sophie Fillières fait également une apparition comme actrice dans Anatomie d’une chute de Justine Triet, en salles le 23 août prochain.
Image : La Belle et la belle Copyright Claire Nicol / Christmas In July