C’est le récit d’un enchâssement. En ouverture de son film, Lionel Baier nous raconte, en voix-off, comment il a découvert le livre de Christophe Boltanski (le neveu de l’artiste Christian Boltanski) avant de commencer à suivre, par la fiction, un garçon de 6 ans – qui n’est autre que l’écrivain quand il était petit.
Par le prisme de ce personnage, les spectateurs sont introduits aux membres de sa famille : ses parents, aimants et militants, partie-prenante de la révolte étudiante de Mai 68, le confient à ses grands-parents (Michel Blanc et Dominique Reymond), son arrière-grand-mère (Liliane Rovère) et ses deux oncles (William Lebghil et Aurélien Gabrielli).
Si chacun est drôle dans son léger décalage avec la réalité, on comprend d’emblée que dans cette famille, tout tourne autour du secret : le petit garçon n’a pas le droit de révéler publiquement les véritables liens de parenté qui les unissent, et il sent bien qu’il y a là, juste sous le parquet, quelque chose de planqué.
Sans s’embarrasser à faire véritablement mystère du secret de famille aux yeux des spectateurs de 2025, Lionel Baier se concentre plutôt sur le rythme atypique de son étonnante comédie et sur ses comédiens, tous attachants. Les géniaux Michel Blanc et Dominique Reymond en tête, qui forment ici un couple indéfectible, fous amoureux après des dizaines d’années et au moins autant d’épreuves impensables.
Grâce à eux, les enchâssements thématiques et échos inattendus entre les époques deviennent crédibles, et parviennent à traverser le voile pudique de la comédie pour émouvoir.
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