Boxeur aux dents serrés dans Le Champion, producteur cruel dans Les Ensorcelés : Kirk Douglas a construit à travers ses performances une aura de dur à cuir aux yeux perçants. En lui offrant le rôle-titre dans son biopic crépusculaire sur le peintre néerlandais, Vincente Minnelli fait soudain surgir à l’écran les blessures insoupçonnées de l’acteur, qui déclare en 1988 dans ses mémoires avoir repoussé ses limites pour comprendre le tourment intérieur de l’artiste : « Parfois, il fallait que je m’empêche de me toucher l’oreille pour vérifier qu’elle était bien là (…). Ça a été une expérience effrayante, j’étais proche de la folie. » Un mal de vivre qui lui allait si bien qu’il a remporté le Golden Globes du Meilleur acteur pour sa prestation.
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Spartacus, Stanley Kubrick (1960)
Muscles saillants, visage crispé par la détermination et agrémenté de sa petite fossette habituelle : avec ce grand péplum engagé en forme de parabole contre l’oppression, Kirk Douglas, qui interprète ici un gladiateur menant une armée d’esclaves en révolte contre l’empire romain, devient définitivement un symbole politique iconique. Devant comme derrière la caméra d’ailleurs, puisque l’acteur, subissant la chasse aux sorcières du sénateur américain McCarthy (anti-communiste notoire) à l’ère de la Peur rouge, fait apparaître au générique le nom de Dalton Trumbo, scénariste ostracisé d’Hollywood en raison de ses opinions communistes.
Paris brûle-t-il ? René Clément (1966)
Le saviez-vous ? Kirk Douglas rêvait de travailler avec François Truffaut et Claude Sautet (comme il l’explique dans cette archive), mais c’est pour un autre cinéaste français qu’il a tourné : René Clément. Dans Paris Brûle-t-il?, fresque historique et chorale qui retrace les actions de la Résistance pour conduire à la Libération de Paris, l’acteur interprète aux côtés d’une myriade de stars (Jean-Paul Belmondo, Alain Delon, Yves Montand) le charismatique général Patton. Un rôle un peu oublié, qui en dit pourtant long sur les convictions politiques de Kirk Douglas, fervent démocrate.
Les Sentiers de la gloire, Stanley Kubrick (1957)
Censuré en France pendant près de 18 ans (notamment pour sa critique des actions du gouvernement français pendant la Première Guerre mondiale), Les Sentiers de la gloire est sa première collaboration avec Stanley Kubrick. Interprétant le colonel Dax, Kirk Douglas y campe un personnage s’opposant à l’injustice de la hiérarchie militaire voulant sacrifier des hommes. On ne se lassera jamais de ces travellings où celui-ci traverse les tranchées sous les bombes face aux regards à la fois terrifiés et admiratifs des soldats.
Furie, Brian De Palma (1978)