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100 ans de Kirk Douglas en 10 genres
- Marilou Duponchel
- 2016-12-09
Le gouffre aux chimères de Billy Wilder – 1952, drame
Kirk Douglas dans « Le gouffre aux chimères »
Après avoir été viré de tous les organes de presse où il a travaillé, un journaliste du nom de Tatum (Kirk Douglas) parvient à trouver une place dans le journal local de la ville d’Albuquerque, au Nouveau Mexique. Blasé par les sujets banals et en quête de reconnaissance, c’est quand il est envoyé en reportage pour couvrir une chasse au crotale, que l’ambitieux entend parler d’une sordide affaire : non loin de là, un homme est retenu au piège dans les décombres d’une montagne. Au lieu d’alarmer les autorités pour sauver le pauvre bougre, le vénal Tatum décide que cette histoire fera sa gloire future. Le stratagème fonctionne à merveille, les curieux et les journalistes se pressent sur les lieux de l’accident, transformant l’endroit en véritable foire (un cirque et des manèges s’installent), tandis qu’à quelques mètres, le malheureux agonise. Dans ce triste tableau d’une société du spectacle impudique et immmorale, Kirk Douglas campe un personnage avide de pouvoir, séducteur ambigu et vrai psychopathe, qui plonge peu à peu dans la folie.
Les ensorcelés de Vincente Minnelli – 1953, romance
C’est la première collaboration entre Kirk Douglas et Vincente Minnelli avant La Vie Passionnée de Vincent Van Gogh (1957) et Quinze jours ailleurs (1962). À travers le jeune producteur Jonathan Shields (Kirk Douglas, sourire carnassier et regard séducteur), personnage ambitieux prêt à tout pour réussir, Minnelli fait le tableau cynique d’un Hollywood vaniteux et désabusé. Les collaborateurs de ce fascinant manipulateur se souviennent de quel genre d’homme il était. Ces flash-backs construisent le portrait fragmenté d’un être ambivalent. Un rôle de nanti névrosé qui vaudra une nomination à l’Oscar du meilleur acteur à Douglas.
La captive aux yeux clairs d’Howard Hawks – 1953, western
Kirk Douglas et Elizabeth Threatt dans « La captive aux yeux clairs »
Au cours de la première moitié du XIXe siècle, Jim Deakins (Kirk Douglas) et Boone Caudill (Martin Deway) se lient d’amitié et rejoignent une expédition de trappeurs français. Leur périple les amène à remonter la rivière Missouri vers les terres des Indiens pieds noirs (tribus nord-américaines, ndlr). Une princesse de ce peuple, Teal Eye, fait d’ailleurs partie du voyage. Elle va retrouver les siens après une longue captivité et doit faciliter les échanges commerciaux. Très vite, les deux hommes s’éprennent de la jeune fille. Jim Deakins y incarne un homme des bois courageux, gouailleur, volontiers philosophe et profondément romantique. Malgré une rivalité amoureuse, Jim n’en reste pas moins pondéré, fidèle à ce qu’il croit être juste (une constante semble-t-il dans les personnages de Kirk).
20 000 lieues sous les mers de Richard Fleischer – 1955, film d’aventure
En 1868, les océans sont secoués par un étrange phénomène. Un mystérieux monstre marin détruit les navires un à un. Kirk Douglas incarne Ned, un marin harponneur pas très futé qui se retrouve jeté à la mer quand son bateau est sabordé. À bord de son étrange navire, le mystérieux capitaine Nemo le sauve et le recueille. Adaptation fidèle du roman éponyme de Jules Verne, 20 000 lieues sous les mers est la première réalisation en prises de vues réelles des studios Disney. Marinière rouge et tignasse blonde en bataille, le personnage de Kirk est un grand gamin enfermé dans un corps d’adulte musculeux qui évoque Popeye.
Les sentiers de la gloire de Stanley Kubrick – 1957, film de guerre
Kirk Douglas dans « Les sentiers de la gloire »
En 1957, Stanley Kubrick adapte Les sentiers de la gloire de Humphrey Cobb inspiré de l’affaire des caporaux de Souain, dans laquelle quatre soldats de la première guerre mondiale sont fusillés par l’armée française pour désobéissance. Plus qu’un film de guerre soucieux de l’exactitude historique, Kubrick livre une critique acerbe d’un système militaire sclérosé (il faudra d’ailleurs attendre 1975 pour que le film soit vu en France) et de ses représentants aveugles. Douglas incarne le colonel Dax, un homme droit, fervent défenseur d’une armée juste qui tente de sauver ses hommes, en vain. Une séquence est particulièrement marquante : quelques minutes avant un assaut suicide, Dax déambule dans les tranchées. Un long travelling suit alors le colonel impuissant, qui fait la revue de ses troupes apeurées. Kirk Douglas a le visage fermé, le regard accablé.
La vie passionnée de Vincent Van Gogh de Vincente Minnelli – 1957, biopic
Kirk Douglas dans « La vie passionnée de Vincent Van Gogh »
En 1955, Kirk Douglas achète les droits de Lust For Life (1934) d’Irving Stone, un roman biographique sur Van Gogh et confie la réalisation à Vincente Minnelli. Le film suit sur les différentes étapes de la vie très tourmentée du peintre, sa dévotion absolue pour le dessin et la peinture, sa foi religieuse contrariée, son amour pour sa cousine Kay et enfin son suicide. Kirk Douglas, barbe épaisse et cheveux hirsutes, est génial en artiste torturé. Un rôle qui vaudra à Kirk Douglas une troisième nomination aux oscars et un Golden Globe du meilleur acteur.
Spartacus de Stanley Kubrick – 1960, péplum
Kirk Douglas dans « Spartacus »
Après s’être vu refuser le premier rôle au profit de Charlton Heston dans le Ben Hur (1959) de William Wyler, Kirk Douglas veut son propre péplum. L’acteur veut raconter l’histoire de Spartacus, un esclave-gladiateur devenu la tête de proue d’une armée d’opprimés. Producteur du film, Douglas congédie Antony Mann et convoque Stanley Kubrick, malgré une relation houleuse (l’acteur qualifiera le cinéaste de « salopard talentueux »), avec qui il a déjà tourné Les Sentiers de la Gloire. Si le scénario paraît manichéen et verrouillé par les studios, Kubrick, par sa mise en scène, livre une ode vibrante à la révolte. Kirk Douglas, avec son imposante carrure et son évidente fragilité, excelle en héros mutique et sacrificiel. Spartacus marque la deuxième collaboration entre les deux hommes.
Sept jours en mai de John Frankenheimer – 1964, thriller politique
Kirk Douglas dans « Sept jours en mai »
Alors que le président des États-Unis s’apprête à signer un traité controversé pour mettre fin à l’armement nucléaire, James Mattoon Scott (Burt Lancaster) fomente un coup d’état pour s’emparer du pouvoir. Son bras droit, le martial colonel Martin « Jiggs » Casey (Kirk Douglas), laissé à l’écart du complot à cause de son goût pour « les libertés civiques et la classe ouvrière », découvre le projet. Dès lors, Casey est obligé de choisir entre la fidélité à son chef et son sens du devoir militaire, son attachement à l’idéal démocratique. Kirk Douglas est ce loyaliste guidé par une droiture sans faille. Dans cette fable sur fond de guerre froide, l’acteur incarne à merveille le prototype du héros américain.
Furie de Brian de Palma – 1979, horreur fantastique
Kirk Douglas dans « Furie »
Après que son fils télépathe a été enlevé puis placé dans une école spéciale pour faire de son don une véritable arme de guerre commandée par le gouvernement américain, Peter Sandza (Kirk Douglas) est prêt à tout pour retrouver son garçon. Furie offre un beau rôle de papa badass et super puissant, au sexagénaire Kirk Douglas. Le film marque sa première collaboration avec Brian de Palma, qu’il retrouvera deux ans plus tard dans Home movies (inédit en France).
Saturn 3 de Stanley Donen – 1980, science fiction
Dans une station spatiale, Adam (Kirk Douglas) et Axel (Farrah Fawcett), deux astronautes mènent depuis plusieurs mois une série d’expériences afin de résoudre la famine qui touche la Terre. Mais l’arrivée de l’étrange capitaine Benson (Harvey Keitel) trouble leur quotidien : ce dernier utilise un robot baptisé Hector comme arme meurtrière. Un film de SF kitsch et réjouissant du réalisateur de Chantons sous la pluie dans lequel Kirk joue au héros sacrificiel.
Marilou Duponchel