Le réalisateur de Leto travaille sur une série qui abordera la vie et l’oeuvre de ce cinéaste mystique.
L’oeuvre étrangement métaphysique du réalisateur soviétique d’Andreï Tarkovski est au moins aussi fascinante que son parcours personnel. Souvent jugés obscurs, ses sept films en ont fait un grand cinéaste du temps qui se délite, de la mort rendue perceptible à l’écran. Mais personne ne sait vraiment qui était ce poète existentiel, dont Nuri Bilge Ceylan ou Alexandre Sokourov se réclament aujourd’hui. Il était temps que quelqu’un s’attaque à ce mystère artistique. Et c’est le réalisateur russe Kirill Serebrennikov, remarqué pour sa comédie musicale Leto, fresque rock mélancolique sur fond de chute de l’URSS, qui va s’y coller.
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D’après Variety, le cinéaste prépare une mini-série sur Andreï Tarkovski dont il écrira le scénario et qu’il réalisera – on s’attend donc à une approche intimiste et originale, loin des biopics hollywoodiens. « Andreï Tarkovsky et ses chefs-d’œuvre iconiques ont influencé le cinéma mondial et continuent d’être une source d’inspiration inépuisable pour les cinéastes de toutes les générations », a déclaré le producteur Ilya Stewart. « C’est un privilège et un honneur de poursuivre notre collaboration avec Kirill Serebrennikov, écrivain et réalisateur qui a une vision vraiment unique, que nous nous réjouissons de faire vivre ensemble ».
Il faudra patienter pour avoir plus de détails concernant l’intrigue, mais la série pourrait notamment évoquer la censure dont Tarkovski a été victime dans son pays en raison des allusions politiques qui parsèment son oeuvre, sa renommé internationale avec l’obtention d’un Grand prix du jury international à Cannes pour Solaris en 1972, puis son exil de Russie qui donnera naissance à l’un de ses plus beaux films sur le déracinement natal, Nostalghia. Mais on espère secrètement que la série saura dépasser la notice biographique pour explorer les obsessions théologiques de Tarkovski, sa sensibilité bergmanienne pour filmer les objets du quotidien… Et qui sait, peut-être nous éclairer sur le sens de Stalker, son oeuvre la plus dépouillée, entre voyage métaphysique et SF visionnaire perturbante.
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