Encore indisponible en France, Strasbourg 1518 est une oeuvre chorégraphiée qui s’inspire de l’épidémie de danse survenue en 1518 à Strasbourg, pour matérialiser la folie de l’enfermement.
Sept ans après Under the Skin (2013), drame SF qui transformait Scarlett Johansson en fascinante extra-terrestre se découvrant des émotions humaines, Jonathan Glazer fait depuis quelques beaucoup parler de lui. D’abord avec l’annonce de son prochain projet (une adaptation du roman de Martin Amis, La Zone d’intérêt, l’histoire d’un officier SS qui tombe amoureux de la femme du commandant de son camp durant la Seconde Guerre mondiale), puis avec son court-métrage The Fall, parabole glaçante sur les dérives totalitaires de notre temps.
Grâce à sa maison de production A24, on apprend aujourd’hui que le réalisateur a profité de la période trouble du confinement pour créer de un court-métrage, largement inspiré de la pandémie – ce qui ne nous étonne pas, Jonathan Glazer développant souvent dans ses trames des scénarios dystopiques et anxiogènes. Comme à son habitude, le réalisateur a choisi un détour historique pour renvoyer à notre actualité : Strasbourg 1518 s’inspire d’un étrange phénomène survenu dans la capitale alsacienne au XVIe siècle, surnommé « la peste dansante ».
Pendant plus d’un mois, des habitants de la ville entamèrent une danse sans s’arrêter, au point que certains moururent d’épuisement ou de crise cardiaque, sans que personne ne parvienne à déterminer s’il s’agissait d’un phénomène surnaturel ou médical. Sur une partition électronique et nerveuse de Mica Levi (qui a composé les bandes-originales d’Under the Skin et The Fall), des danseurs professionnels exécutent dans des décors dépouillés une chorégraphie cathartique, exutoire à la folie. Malheureusement, le film n’est pas encore visible en France, mais histoire de vous donner envie de le voir en attendant qu’il soit mis en ligne, voici ce qu’en dit The Guardian : « Jonathan Glazer a brillamment exprimé le sentiment d’enfermement, la danse étant à la fois un symptôme et un remède, une détérioration et une thérapie, une restriction et une liberté. De nombreuses personnes ont précisément fait de l’exercice dans l’emprisonnement de cette manière désespérée et ambiguë. »