Après Gaspar Noé, qui a transformé Charlotte Rampling en prêtresse vénéneuse dans un court gothique à souhait, c’est au tour de de s’emparer de l’univers élégant d’Yves Saint-Laurent. Pour promouvoir la collection printemps/été de la maison française, le réalisateur américain est resté fidèle à son cinéma romantique, noir et cryptique en concoctant une pub à la mise en scène chiadée.
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Intitulée French Water, elle est portée par Julianne Moore, Charlotte Gainsbourg, mais aussi Indya Moore (révélée dans la série Pose), égéries aux tenues sublimes et androgynes ici propulsées dans un monde aussi fantomatique que dérangeant. « La soirée est terminée. Un serveur esseulé [incarné par Leo Reilly, fils de l’acteur John C. Reilly, ndlr] observe des invitéesparties à la recherche de Charlotte Gainsbourg. Les échos de leurs murmures se multiplient. » A partir de ce synopsis très durassien (on pense tout du long à ), Jarmusch se joue du spectateur en créant un univers à clefs à la beauté envoûtante (les décors vides et tentaculaires, des images kaléidoscopiques, une alternance vive entre apparitions et disparitions fugaces…) dans lequel Edgar Allan Poe côtoie le groupe indé The Brian Jonestown Massacre. Un délicieux élixir qui concentre les obsessions du cinéaste rebelle, toujours fasciné par l’idée de pénétrer les profondeurs mystérieuses de la nuit.