« Jeûne d’été », le court métrage d’Abdenoure Ziane à voir sur Arte

Un court-métrage ludique et impertinent, qui évoque à travers le regard de deux enfants le sens, éternellement en construction, que l’on peut donner à une religion et ses traditions. Dans une cité à l’atmosphère alourdie par le soleil d’été, entre deux barres d’immeuble à la verticalité écrasante, Kader, 11 ans, fait le ramadan pour la


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Un court-métrage ludique et impertinent, qui évoque à travers le regard de deux enfants le sens, éternellement en construction, que l’on peut donner à une religion et ses traditions.

Dans une cité à l’atmosphère alourdie par le soleil d’été, entre deux barres d’immeuble à la verticalité écrasante, Kader, 11 ans, fait le ramadan pour la première fois. Rudy, son meilleur ami qui n’est pas musulman, l’accompagne dans cette tradition qu’il perçoit comme un nouveau jeu. Ensemble, les deux enfants vont devoir tromper la faim, la soif et l’ennui, à travers un périple ludique plus profond qu’il n’y paraît, où ils feront l’expérience de l’altérité…

En dix-huit minutes, Abdenoure Ziane parvient à construire un roman d’apprentissage touchant et bourré de second degré, parodiant les codes de genres cinématographiques auxquels ses héros (Sabri Ouamar, Timi-Joy Marbot, étonnants de spontanéité) semblent s’identifier comme pour s’inventer une vie. Il y a quelque chose de l’ordre du road-trip dans leur course à pied effrénée, mais aussi du western – la musique à la Ennio Morricone évoquant les plaines de Sergio Leone – et du film de gangster – les répliques cultes de Tony Montana renvoyant au Scarface de Brian De Palma.

Autant de clins d’oeil cinéphiles qui construisent des dialogues malicieux, plein de punchlines et de saillies intelligentes, donnant au film une impertinence savoureuse. Surtout, c’est dans son appréhension de l’espace que ce court-métrage insolite multiplie les trouvailles originales : un parking de super-marché devient une plaine bétonnée presque abstraite, la cour extérieure d’un immeuble un refuge digne de ceux dénichés par les plus grands mafieux. Sans oublier les moyens de transport – un bus vide, une voiture à l’arrêt – qui, davantage qu’ils conduisent les personnages d’un endroit à l’autre, s’imposent comme des manèges immobiles, puisque le véritable voyage est évidemment celui, intérieur et invisible, qui consiste à s’approprier une tradition et à en comprendre le sens.

Le film est à voir juste ici.