GEn.A : c’est la génération engagée qui invente le monde d’après. Chaque semaine, Trois Couleurs part à sa rencontre pour tirer le portrait de jeunes artistes résistant.e.s, passionnant.e.s, exalté.e.s. Aujourd’hui, Honor Swinton Byrne, actrice.
« Par rapport à mes amis, j’ai eu la chance de me rendre compte de ce que ça pouvait être de fabriquer un film, le temps que ça peut mettre pour avoir une scène parfaite. »
A quoi ça peut ressembler, la vie de la fille de Tilda Swinton ? On imagine ça comme un film d’aventures, un parcours un peu alien. On n’en est pas loin : volubile et enjouée, elle nous raconte sa conscience d’avoir eu une jeunesse privilégiée, passée entre sa propriété familiale dans les Highlands d’Ecosse et les nombreux voyages partout dans le monde, sur les tournages de sa mère. « J’étais totalement libre, j’ai été élevée selon les principes du self directed learning (une méthode d’éducation où les élèves choisissent leurs activités, leur rythme d’étude, ndlr.) Je me souviens d’avoir été sur les tournages du Monde de Narnia ou Snowpiercer, mon préféré de la filmo de ma mère, elle était creepy avec ses fausses dents. Par rapport à mes amis, j’ai eu la chance de me rendre compte de ce que ça pouvait être de fabriquer un film, le temps que ça peut mettre pour avoir une scène parfaite. »
Pour son tout premier rôle au cinéma, Honor joue Julie, une jeune femme d’un milieu posh dans les années 1980, qui tombe amoureuse d’un héroïnomane et qui devient réalisatrice comme pour exorciser cette relation tourmentée. « Je suis tout aussi émotive et tendre que Julie, mais je suis aussi plus rude, plus wild. Je trouve ça beau que le film se divise en deux parties, car dans la seconde, c’est comme si je voyais une amie se relever, reprendre pied. Je suis moi-même passée par ce côté « rollercoaster » dans mes relations et ce film me semble retranscrire ce que ça peut être avec beaucoup d’honnêteté et de complexité. »
La jeune actrice pense qu’elle a été choisie pour ce rôle parce que Joanna Hogg savait qu’elle serait inexpérimentée, un peu mal à l’aise devant la caméra, et que cela accentuerait la fragilité du personnage – on trouve qu’elle s’en sort très bien, notamment lorsqu’elle tient tête à Tilda Swinton qui incarne… la mère de son personnage.
Faisant le bilan de cette première fois, Honor Swinton Byrne dit avoir aimé être dirigée. Mais que pense-t-elle d’une carrière de réalisatrice, comme son personnage ? « Je n’exclus rien », dit-elle d’un air déterminé. En attendant de nouveaux rôles qui ne devraient pas tarder à se présenter au vu de son émouvante prestation dans The Souvenir, elle poursuit ses études de psychologie à l’université d’Edinburgh, où elle vit en coloc. « Ce n’est pas vraiment pour devenir psy, je ne pourrais pas, je donne trop mon avis. C’est plutôt pour me servir de ces connaissances pour jouer ou même dans mes propres relations. Ce que je veux, c’est toujours explorer. »
LE DÉCLIC : « Je n’ai jamais pensé à devenir actrice, ça n’a jamais été dans un coin de ma tête, c’est plus les circonstances qui m’y ont amenée, et puis j’ai grandi dans une famille d’artistes. Cela dit, je ne l’ai jamais exclu non plus. Aujourd’hui, j’aimerais bien poursuivre dans cette voix. »
LE FILM QUI L’INSPIRE : « J’adore Les Oiseaux d’Hitchcock. Après l’avoir vu, je suis devenue fan de films d’horreur, et même de trucs bien gores. Mais pour le film qui se passe dans les années 1980, j’ai vu pas mal de films de l’époque, notamment ceux dans lesquels ma mère a joué. »
Portrait : © Julien Lienard pour TROISCOULEURS