Les assassins sont désespérés et impuissants
Andy Warhol : Puisque vous connaissez toutes ces affaires, avez-vous jamais compris pourquoi les gens commettent des meurtres en réalité ? Cela m’a toujours préoccupé. Pourquoi.
Alfred Hitchcock : Eh bien, je vais vous le dire. Autrefois, c’était une question économique en réalité. Particulièrement en Angleterre. Tout d’abord, le divorce était très difficile à obtenir et cela coûtait beaucoup d’argent.
AW : Euh non, quel genre de personne commet des meurtres en réalité ? Je veux dire, pourquoi … euh …
AH : Par désespoir. Ils le font par désespoir.
AW : Vraiment ? Euh…
AH : Désespoir absolu. Ils n’ont nulle part où aller, ils n’avaient pas de motels à l’époque, et ils auraient dû se cacher dans les buissons du parc. Et par désespoir, ils commettent des meurtres.
AW : Et l’assassin en série ?
AH : Eh bien, ce sont des psychotiques, vous comprenez. Ils sont absolument psychotiques. Ils sont souvent impuissants.
« Oui oui »
AH : Mais aujourd’hui naturellement, à l’Âge du Revolver, dirait-on, je crois qu’on fait plus usage des armes à feu à la maison que dans les rues. Vous savez ? Et les hommes perdent la tête.
AW : Euh, on m’a tiré dessus à coup de pistolet et cela fait l’impression d’être un film. Je ne peux le voir comme quelque chose de réel. Tout le truc est encore un film pour moi. Ça m’est arrivé, mais c’était comme si j’avais regardé la télévision. Si vous regardez la télévision, c’est la même chose que si ça vous arrivait à vous.
AH : Oui. Oui.
Les avortements, c’est compliqué
AW : Ils montrent des avortements à la télévision aujourd’hui.
AH : Télévision pédagogique ?
AW : Non, la vraie télévision. Ils montrent comment c’est fait et, vous savez…
AH : Pourquoi le font-ils ? Pour que les gens puissent s’acheter un kit d’avortement et le faire à la maison ?
AW : Euh, ça a l’air d’être très compliqué, ce qu’ils ont montré. Les filles sont attachées sur une sorte de gadget.
AH : Et ils réduisent le cadre sur le vagin ? Oui ?? Vraiment ??? Je ne pourrais jamais être associé à ça.
Un petit porno avant le steak du dîner
AW : Vous n’êtes jamais allé voir des films porno à New York ?
AH : Non, je ne l’ai jamais fait. Le seul que j’aie jamais vu – c’est très étrange – j’y ai été emmené par un manager japonais extrêmement calme au club de la presse à Tokyo. Et il pensait qu’il m’y emmenait pour une sorte d’interview. Après le steak du dîner, nous sommes tous montés dans une pièce équipée d’un écran sur lequel étaient projetés ces films horribles. Et…
AW : Japonais ou américains ?
AH : Américains. Français. Vous savez…Et puis ils ont fait venir deux filles qui se sont un pinceau entre les « jambes » et ont formé sur du papier blanc des caractères japonais, et je me souviens que, pendant qu’elle faisait cela, un homme hurlait au bout de la pièce.
Les photos de cet article sont tous des Polaroïds d’Andy Warhol pris lors de cette rencontre.