Golshifteh Farahani en 5 rôles marquants

Dans « Lire Lolita à Téhéran » (en salles le 26 mars), Golshifteh Farahani devient une enseignante iranienne qui résiste au régime islamique en réunissant secrètement sept de ses étudiantes pour leur faire lire des classiques de la littérature occidentale interdits par le régime. Un rôle engagé et émancipateur, à l’image de la carrière de la brillante actrice, qui a fui son pays natal, l’Iran, en 2007 et trouvé refuge en France. Retour sur cinq rôles qui ont marqué sa filmographie.


Golshifteh Farahani dans "Lire Lolita à Téhéran"
Golshifteh Farahani dans "Lire Lolita à Téhéran" © Metropolitan FilmExport

Sepideh dans À propos d’Elly d’Asghar Farhadi (2009)

Dans le nord de l’Iran, un groupe d’amis se retrouve pour passer des vacances au bord de la mer Caspienne. Parmi eux, Sepideh s’est occupée d’organiser le voyage et s’est permise d’inviter Elly pour la présenter à Ahmad. L’ambiance est à la fête et tout se passe pour le mieux. Jusqu’à ce que le fils d’un des couples soit retrouvé en train de se noyer et qu’Elly soit porté disparue…

Au centre de ce drame brutal, qui bat en brèche les idées reçues, le personnage de Sepideh, femme affirmée et séduisante, donne à Golshifteh Farahani l’occasion de s’imposer dans un rôle complexe qui, à la veille de la révolte verte, mouvement contestataire historique contre le régime des mollahs, incarne une jeunesse proche de celle qu’on verra peu après descendre manifester dans les rues de Téhéran. Plus de seize ans plus tard, ce film garde toujours son acuité.

Si tu meurs je te tue
© Océan Films

Siba dans Si tu meurs, je te tue de Hiner Saleem (2011)

Au côté de l’acteur Jonathan Zaccaï, qui joue ici un ancien taulard s’étant lié d’amitié avec un criminel kurde du nom d’Avdal, Golshifteh Farahani devient Siba, féministe contrariée débarquée à Paris qui apprend alors la mort soudaine de son fiancé et tente de fuir son beau-père, un islamiste radical qui souhaite la ramener en Irak et la marier au frère du défunt. Ne vous fiez pas à ce pitch assez sombre : dans cette romcom pétillante, portrait enlevé de la diaspora kurde teinté d’une légère mélancolie, Golfishteh Farahani prouve qu’elle sait faire des merveilles dans le registre de la comédie, où, à notre goût, on l’a encore trop peu vue.

Les Deux Amis
Louis Garrel, Golshifteh Farahani et Vincent Macaigne dans « Les Deux Amis »© Ad Vitam

Mona dans Les Deux amis (2015)

Dans ce premier long métrage signé Louis Garrel, Les Deux amis transpose Les Caprices de Marianne de Musset à l’époque contemporaine. Marianne devient ainsi Mona, vendeuse de sandwich courtisée par Clément (Vincent Macaigne), figurant de cinéma, pour qui la belle reste inaccessible. Clément se fait alors aider par son meilleur ami Abel (Louis Garrel) afin de conquérir sa douce, à moins que ce ne soit lui qui souhaite finalement la séduire… Un marivaudage qui penche davantage vers le portrait d’amitié que vers le classique triangle amoureux, et qui fait de l’insaisissable Mona, hyper bien saisie par Farahani, l’électron libre et facétieux de cette chorégraphie tragi-comique.


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Paterson
© Mary Cybulski

Laura dans Paterson de Jim Jarmusch (2016)

Chez le mystérieux Jim Jarmusch, elle est Laura, la compagne de Paterson (joué par l’époustouflant Adam Driver), chauffeur de bus, mari dévoué et poète à ses heures perdues. Dans ce drame délicat, ode à la poésie et à la beauté du quotidien, le personnage bouillonnant de Laura, qui rêve, entre autres, de devenir chanteuse de country, s’immisce avec joie et audace, en contrepied du personnage principal, dans la lune. Un rôle bercé d’amour que Golshifteh Farahani éclaire par sa justesse de jeu et une tendresse jamais niaise. Et une incursion réussie dans l’univers du plus dandy des cinéastes.


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Un divan à Tunis
© PROKINO Filmverleih GmbH / Carole Bethuel

Selma dans Un divan à Tunis de Manele Labidi (2020)

Une jeune psychanalyste d’origine tunisienne retourne dans son pays natal pour ouvrir son cabinet dans la banlieue de Tunis. Après la révolution, le pays s’interroge sur son avenir économique et politique. Des questionnements qui remuent les Tunisiens, qui défilent dans le cabinet de Selma, à qui il manque encore une autorisation afin d’exercer son métier. Une comédie-thérapie qui fait du bien, signée Manele Labidi, à qui l’on doit aussi Reine Mère (actuellement au cinéma), dans laquelle Golshifteh Farahani, d’une douceur impériale, tend l’oreille vers les autres et vers soi.


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Bonus : la bande-annonce de Lire Lolita à Téhéran, en salles dès le 26 mars.