Ce documentaire de 2018, visible gratuitement sur ARTE jusqu’au 6 juin prochain, rappelle combien, sous leur fausse nonchalance, les films de Friedkin ont saisi la démence et la schizophrénie de leur temps.
Il croit au diable et le revendique, s’est passionné un temps pour les rites glauques de l’église Catholique, et le mal sous toutes ses formes habite sa filmographie : mais qui est vraiment le père de L’Exorciste, réalisateur prolifique presque moins connu que ses films? Cinéaste du malaise et de l’excès, pionnier du Nouvel Hollywood longtemps mal-aimé de la critique, successivement porté aux nues avec French Connection puis boudé au box-office (Sorcerer adapté du Salaire de la Peur de Henri-Georges Clouzot a été un échec commercial), William Friedkin fait figure d’outsider dans le paysage du cinéma américain.
Une carrière faite de succès et de déboires, que Francesco Zippel propose d’examiner dans Friedkin Uncut, documentaire qui revient sur le caractère clivant de ce cinéaste qui a examiné, à travers ses deux genres de prédilection que ce sont le polar et l’horreur, les contradictions de l’Amérique déliquescente des années 1970. Pour évoquer cette personnalité chaotique et la genèse de ses films les plus emblématiques, Francesco Zippel a fait appel à ses admirateurs, pléiade de cinéastes talentueux -Francis Ford Coppola, Quentin Tarantino, Wes Anderson- mais aussi aux acteurs qui l’ont côtoyé, comme Willem Dafoe, Matthew McConaughey et Michael Shannon.
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De son art d’insuffler aux scènes d’action une dimension crépusculaire à son obsession pour la démence, le documentaire a le mérite de montrer comment Friedkin, l’air de rien, s’est fait le témoin à la fois cynique et enjoué de son époque troublée. En bonus, le réalisateur himself, avec la (fausse ?) nonchalance qu’on lui connaît, témoigne face-caméra.
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