Festival du cinéma africain en ligne : et s’il ne fallait en retenir que trois ?

Dans les grands festivals, les cinématographies des pays africains sont souvent les grandes oubliées. Pourtant, ces films sont d’une vitalité déconcertante. Au cas où vous en douteriez, l’Online African Film Festival (OAFF) est là pour vous le rappeler. À une dizaine de jours de sa clôture, on vous livre nos trois coups de cœur. Black


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Dans les grands festivals, les cinématographies des pays africains sont souvent les grandes oubliées. Pourtant, ces films sont d’une vitalité déconcertante. Au cas où vous en douteriez, l’Online African Film Festival (OAFF) est là pour vous le rappeler. À une dizaine de jours de sa clôture, on vous livre nos trois coups de cœur.

Black Mamba d’Amal Guellaty (Tunisie), 2017, 20 minutes

Sarra, jeune Tunisienne qui doit bientôt se marier avec un homme que sa famille lui impose, essaie de dissimuler un œil au beurre noir avec du maquillage. Ce coquard, elle le doit à un combat de boxe. Une fois la nuit tombée, la jeune femme fait le mur pour aller combattre dans un hangar miteux. Car Sarra n’est pas une femme battue comme le laisse croire les premières minutes. Elle ne cherche pas à échapper à un homme violent mais à combattre une société entière régie par le patriarcat le plus sournois.

Cette boxeuse de haut niveau a le même survêtement d’entraînement gris clair que Rocky Balboa. Pourtant, les préjugés font qu’elle ne peut l’exhiber aux yeux de tous. Elle doit cacher son identité en prenant comme nom de scène Black Mamba. Comme le personnage interprété par Uma Thurman, qui décide de se venger contre ses bourreaux dans Kill Bill de Quentin Tarantino.

Dans la veine des long-métrages Papicha de Mounia Meddour ou de Much Loved de Nabil Ayouch, l’énergique Black Mamba décortique un système d’oppression masculiniste auquel la protagoniste finit par donner une grosse mandale.

>> A LIRE AUSSI NOTRE ARTICLE DE PRÉSENTATION DE L’OAFF

Supa Modo de Likarion Wainaina (Kenya), 2018, 1h14

Condamnée à
cause d’une
maladie incurable, Jo, une fillette kényane de neuf ans biberonnée
aux comics et aux films de kung-fu, se rêve en super-héroïne. Face
à l’inévitable, sa sœur aînée Mwix mobilise tout le village pour
lui faire croire qu’elle est bel et bien dotée de super-pouvoirs.

Alors qu’on
pourrait s’attendre à être plombé par un sujet si lourd, Supa
Modo
prend
le parti d’épouser le
point de vue solaire de
Jo. Avec quelques idées
DIY, le film embarque le spectateur dans un monde coloré aux
frontières du réel, dépeignant
la force du collectif qui s’organise
autour d’elle. Preuve
que les bons sentiments (solidarité, compassion, optimisme…)
peuvent fédérer sans forcément
chercher à nous extorquer des larmes.

Jethro X Jethro de Malcolm Bigemyamo (Ouganda), 2016, 13 minutes

Des
cinéastes ougandais en herbe se succèdent pour pitcher
leur film mais les
moues
figées et méprisantes des deux producteurs, membres de
l’Organisation Non Gouvernementale Modérément Altruiste (MANGO), ne
bougent pas d’un iota.

Il ne faut que treize petites minutes à Jethro X Jethro
pour nous plonger au cœur d’un phénomène mondial :
l’uniformisation culturelle. Par un dispositif des plus simples mais
ô combien redoutable (un champ-contrechamp qui oppose donc les
protagonistes), Malcolm Bigemyamo montre, avec un humour acerbe et
mordant, comment l’industrie du cinéma cherche à brider les auteurs
en gommant les spécificités locales (il faut parler anglais) ou en
refusant, d’un ton condescendant, les scénarios complexes où
s’entrechoquent plusieurs réalités.

Jethro X Jethro
Caputre d’écran de Jethro X Jethro de Malcolm Bigemyamo

Image : Supa Modo de Likaron Wainaina – Copyright 2019 One Fine Day Films