En 1981, François Truffaut tournait ce drame sur deux anciens amants réunis par le hasard, qui marqua la rencontre fulgurante à l’écran entre Fanny Ardant et Gérard Depardieu. mk2 Curiosity vous propose aujourd’hui de voir gratuitement cette archive dans laquelle les deux acteurs évoquent leurs souvenirs de ce tournage merveilleux.
Mise à jour le 29/04/ 2020. Ce film n’est désormais plus accessible. Découvrez les films offerts sur mk2 Curiosity en cliquant ici
« Ni avec toi, ni sans toi ». Scandée par le personnage de Madame Jouve (Véronique Silver), cette réplique résume à elle seule tout le génie de La Femme d’à côté. Une histoire d’amour impossible, si banale qu’elle en devient tragique, entre deux êtres que la vie a séparés puis réunis, jusqu’à un dénouement inévitable. Soit Fanny Ardant et Gérard Depardieu, deux amants liés par le souvenir d’une ancienne passion dévorante, qui ont refait la vie chacun de leur côté, avant que le hasard ne les fasse devenir voisins dans une banale campagne grenobloise. Immortalisée à l’écran, la fièvre entre ces deux grands monstres sacrés du cinéma -que François Truffaut a décidé de réunir après les avoir vu discuter côte-à-côte à la Cérémonie des César en 1981- s’est prolongée en une tendre complicité hors plateau.
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Alors que Netflix vient de signer un partenariat avec mk2 (éditeur de TROISCOULEURS) pour mettre en ligne 12 films de François Truffaut disponibles depuis ce vendredi, on vous propose de revoir cette archive sur les coulisses du tournage, dans laquelle Fanny Ardent et Gérard Depardieu reviennent sur la genèse joyeuse de ce drame ténu, pudique, aux accents de polar chabrolien.
La Femme d’à côté (d’abord intitulé Sur les rails) c’est le projet d’une vie, l’aboutissement d’une certaine maturité intellectuelle pour Trufffaut, qui comme l’explique Gérard Depardieu y réfléchissait depuis des années, mais qu’il a bouclé en « six semaines de tournage avec une vraie joie », entouré d‘une petite équipe mobile. « J’ai toujours pensé que dans le cinéma, il y avait quelque chose de la cour de récréation, d’enfantin. Quelque chose de très sérieux mais de fait avec légèreté. Je l’ai expérimenté avec ce film », explique aussi Fanny Ardant, avant que les deux acteurs n’entament une analyse de quelques scènes charnières de l’oeuvre. De la première séquence de retrouvaille, Gérard Depardieu retient le regard perçant de Fanny Ardant: « Quand m’a regardé dans les yeux pour me dire bonjour, elle m’a terrifié. J’ai bien vu ce que nous allions tourner: un film d’amour qui fait peur. »
Inscrire l’inquiétude dans la banalité, dire la gravité sans en avoir l’air, à la façon d’un thriller hitchcockien , dans lequel les personnages exposent sans pathos leurs blessures dans des dialogues simples. Voilà comment les deux acteurs résument, avec un sens sidérant de la formule qui touche au coeur, l’intention de La Femme d’à côté, qui montrait selon Truffaut que « l’amour est malheureux ». Passionnante, cette archive précieuse vaut aussi pour sa qualité analytique: Gérard Depardieu y dresse un portrait psychologique de son personnage, d’abord dans le déni puis dévoré par cet amour, « qu’il nourrit comme une maladie », tandis que sa maîtresse est enchaînée à une lucidité tenace, abandonne son masque dès le début pour offrir sa fébrilité. Simplement pour revoir la séquence de la photo brûlée, et entendre Fanny Ardant citer sans le nommer Jacques Brel (« Laisse moi devenir l’ombre de ton ombre »), cette archive est à revoir d’urgence -âmes sensibles, prévoyez des mouchoirs.