Fabrice Drouelle: questionnaire cinéphile

Du lundi au vendredi dans Affaires sensibles sur France Inter, le journaliste à l’éloquence et au sens du récit toujours entraînants se penche sur les faits divers nébuleux ou sordides, les procès retentissants ou les événements troubles qui interrogent notre société. On s’est demandé si le côté sombre et mystérieux de son émission se retrouvait


Du lundi au vendredi dans Affaires sensibles sur France Inter, le journaliste à l’éloquence et au sens du récit toujours entraînants se penche sur les faits divers nébuleux ou sordides, les procès retentissants ou les événements troubles qui interrogent notre société. On s’est demandé si le côté sombre et mystérieux de son émission se retrouvait dans ses goûts cinématographiques.

3 « affaires sensibles » qui auraient tout pour être portées au cinéma?

Elles pourraient l’être toutes ! S’il faut faire un choix, parce que c’est le jeu, j’imaginerais bien un biopic sur Jérôme Cahuzac. Je pense que ce serait assez spectaculaire. Ensuite, j’ai fait une émission assez originale sur l’histoire d’amour entre Brigitte Bardot et Roger Vadim. Ça ferait un joli film romantique et en même temps un peu dur. Puis je verrais bien un film sur l’histoire du pain maudit de Pont-Saint-Esprit. En 1951, les habitants d’une bourgade dans le Gard deviennent tous dingues parce qu’ils mangent du pain dans lequel on trouve une substance proche du LSD. Cette histoire est folle

3 films qui ont su mettre en scène un fait divers avec talent?

Tout, tout de suite de Richard Berry, incroyablement réaliste sur cette épouvantable affaire Ilan Halimi, jeune juif victime du gang des barbares et de Youssouf Fofana. On y voit bien comment les parents Halimi et la police deviennent des alliés, avec le même sentiment de désespoir. C’est pour moi le fait divers de ces dernières années le plus traumatisant pour ce pays. Sept morts sur ordonnance de Jacques Rouffio, qui s’inspire des mystérieux suicides, à quelques années d’intervalle, de deux médecins rémois victimes de chantage. Pour sa vitalité, sa force, et sa manière de nous rappeler ce qu’étaient les années 1970. Et puis L’Adversaire de Nicole Garcia, adaptation du livre d’Emmanuel Carrère autour de Jean-Claude Romand. Daniel Auteuil y porte une gravité étonnante.

3 voix de cinéma qui vous envoûtent?

Hors concours et sans hésitation, celle de Paul Meurisse, pour sa tessiture absolument magnifique, la couleur de ses cordes vocales – les gens comme lui ont une autorité par la voix plus que par leur comportement physique. Celle d’André Dussolier, mais juste dans la voix off du Fabuleux destin d’Amélie Poulainde Jean-Pierre Jeunet. Et puis la voix de Michel Roux quand il double Tony Curtis dans Amicalement vôtre, car elle me renvoie à mon enfance.

Vos 3 films préférés?

Barry Lyndon de Stanley Kubrick, le seul film où la perfection touche tous les domaines: le scénario, le casting, la musique, cette lumière extraordinaire avec les bougies… Le Dictateur de Charlie Chaplin, pour sa portée politique et symbolique, son importance historique. Et mon polar préféré, Nikita de Luc Besson, pour son efficacité incroyable.

Le film qui vous fait frissonner une nuit à 3 heures du mat’.

Shining de Stanley Kubrick, un film psychanalytique fantastique. C’est le seul qui m’a fait peur. Parce que c’est la peur universelle: celle de ses propres fantasmes.

Affaires sensibles, du lundi au vendredi de 15 à 16h sur France Inter.