Everybody Loves Touda s’ouvre sur une fête, dans le fracas et l’abondance – deux qualificatifs qui vont à merveille à Nabil Ayouch, cinéaste indocile, toujours enclin à filmer des personnages aux ailes brisées mais plein d’abnégation.
Touda, qui donne son nom au titre de ce mélodrame magnétique coécrit par Maryam Touzani, est de cette trempe. Mère célibataire d’un petit garçon sourd et muet, elle résiste aux injonctions d’une société marocaine conservatrice grâce à sa voix profonde, qui lui permet de chanter dans des bars poisseux des textes non censurés. Elle est aussi une cheikha, ces femmes performeuses de l’aïta, chant traditionnel inspiré du cri…
De bout en bout, Nabil Ayouch s’arrime à son héroïne, suit sa trace de si près que la caméra semble vouloir ne faire qu’un avec elle, jusqu’à l’épuisement. Tout en panoramiques exaltés, en plans serrés qui retiennent la sueur, les larmes et la grâce chaloupée des danses, le film s’enivre de la performance de sa formidable actrice principale (Nisrin Erradi). Dans un second mouvement, plein d’espoir et de désillusions, où Touda se rend à Casablanca pour percer, le film prend soudain un virage d’une grande cruauté. Et rappelle que, comme dans tout vrai conte de fées, les princesses sont sommées de rester à leur place.
Everybody Loves Touda de Nabil Ayouch, Ad Vitam (1 h 42), en salle le 18 décembre