Eva Green coupe des têtes

Cheveux noir de jais en bataille, regard bleuté creusé par un maquillage sombre, bagues métalliques à chaque doigt… Eva Green arbore un look gothique spectaculaire. Ajoutant une touche de rock au glamour de Hollywood, la jeune fille en fleur que le public a découverte avec Innocents – The Dreamers de Bernardo Bertolucci a fait du


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Cheveux noir de jais en bataille, regard bleuté creusé par un maquillage sombre, bagues métalliques à chaque doigt… Eva Green arbore un look gothique spectaculaire. Ajoutant une touche de rock au glamour de Hollywood, la jeune fille en fleur que le public a découverte avec Innocents – The Dreamers de Bernardo Bertolucci a fait du chemin depuis 2002. Elle s’est construit de film en film une image de femme fatale. « Je sais bien que c’est ce que tout le monde voit en moi, déclare-t-elle, mais je trouve cela un peu réducteur. J’aime les rôles de femmes fortes. Sont-elles forcément fatales ? Je ne suis pas sûre. Dans l’imaginaire collectif, une femme à la fois sexy et forte est forcément dangereuse. Moi je vois surtout des rôles intéressants, avec des choses à jouer et à défendre. » Avec Vesper Lynd dans Casino Royale, l’actrice s’est vu offrir un personnage inédit dans l’histoire des James Bond girls. Loin d’être réduite à un simple fantasme ou à une silhouette, Vesper incarnait le grand amour perdu de 007. « C’est une James Bond woman, pas une James Bond girl. Le rôle était magnifiquement écrit. » Ce personnage a offert une visibilité internationale à l’actrice, boostant une carrière américaine déjà bien lancée avec une apparition dans Kingdom of Heaven en 2005. En Sybille de Jérusalem, elle campait déjà une femme déterminée. Mystérieuse et souveraine, l’actrice est très à l’aise dans les univers épiques. « J’adore les récits historiques. On y trouve de formidables personnages féminins. Mais surtout, dans les épopées, les femmes ont une puissance dramatique qui leur donne une vraie stature. Elles incarnent quelque chose de sensible, au milieu d’un monde dévasté. Cela ne veut pas dire qu’elles restent là, à se lamenter. Non, leur douleur leur donne la force de lutter. Elles prennent le pouvoir. » Ainsi dans 300 : la Naissance d’un empire, elle incarne une Artémise si puissante qu’elle submerge l’écran, reléguant la horde de soldats spartiates au second plan. Eva Green est le surprenant centre névralgique du champ de bataille, dans cette suite très attendue du film de Zack Snyder, lui-même adapté des romans graphiques de Franck Miller. Moulée dans une armure, elle fait la guerre avec une rage et une folie communicatives. Extrêmement violent et diabolique, ce rôle de soldate grandiloquente et sans scrupules permet à l’actrice de s’en donner à coeur joie dans la démesure. « Ce genre de rôle, c’est du divertissement. On ne peut pas prendre ça au sérieux. Alors il faut y aller à fond et s’amuser le plus possible. J’ai tendance à trop me prendre la tête. Là, c’est parfait : je coupe des têtes, je crie, je me bagarre. Pas le temps de trop réfléchir. C’est une autre manière de jouer, plus physique. Le corps vous entraîne, et le personnage arrive. » La comédienne revient ensuite sur l’entrainement intensif qu’elle a suivi durant plusieurs mois. Mais plus encore que sa prestation au combat, c’est une scène de sexe très cru, entre elle et l’acteur Sullivan Stapleton, qui va marquer les esprits. « Ce n’est jamais très agréable à tourner. Je la trouve justifiée dans le film, car elle amène une surenchère dans la folie. Je crois que c’est le personnage le plus dingue et le plus dangereux que j’ai eu à jouer. Quand elle vous aime, c’est encore pire que lorsqu’elle vous déteste. » Ce personnage s’ajoute à la longue liste de celles que l’actrice aime appeler ses « garces préférées ». Déjà, dans Dark Shadows de Tim Burton, elle s’était follement amusée à jouer les sorcières glamour et dingo façon soap opera. « On me propose souvent des personnages démesurés. Le premier rôle que j’ai eu à jouer, quand je suis rentrée dans une école de théâtre, c’est celui de Lady Macbeth dans la pièce de Shakespeare. Ça a dû me marquer, car, depuis, je suis toujours attirée par ce genre de challenge. Dans la vie, je suis quelqu’un de très réservé. Avec ce genre de rôle, j’extériorise. »

L’actrice ne veut pas être cantonnée aux superproductions numériques en costumes. Si elle avoue prendre beaucoup de plaisir sur ces tournages récréatifs, elle est aussi à la recherche d’univers artistiques plus marqués. Récemment, elle donnait la réplique à Ewan McGregor dans la romance apocalyptique Perfect Sense. Mais c’est surtout dans White Bird in a Blizzard, le nouveau film de Gregg Araki, présenté cette année au festival de Sundance, qu’on l’attend. « C’est un rôle incroyable. Peut-être l’un des plus beaux que j’ai jamais eu. Je joue une mère, un peu folle, un peu perdue. C’est un film qui m’a fait du bien. O.K., je ne disposais pas de tout le confort auquel une actrice peut prétendre dans une énorme production ; mais moi, perso, les caravanes et le personnel au petit soin, je m’en passe très bien. » Après le film d’Araki, on retrouvera l’actrice dans le nouvel épisode de Sin City réalisé par Robert Rodriguez. Là encore, elle joue un personnage mystérieux. « Une garce, comme d’habitude ! C’est un personnage de femme à la fois très glamour, très sexy, mais avec des vraies manières de mec. Elle utilise les hommes pour se faire de l’argent. » Autre énorme attente, Penny Dreadful, qui fait se rencontrer les monstres de la littérature fantastique dans le Londres victorien. La série anglaise, produite par Sam Mendes, offre un casting de luxe : Eva Green y donne la réplique au revenant Josh Harnett et à l’ancien 007 Timothy Dalton. L’actrice française n’a pas tourné de film dans l’Hexagone depuis Arsène Lupin, en 2004. « J’aime beaucoup le cinéma français. Avec mon nom, “Green”, les gens pensent que je suis danoise ou américaine. J’ai envie de faire des films en français. Je rêve de travailler avec les frères Dardenne. Je suis amoureuse de leur cinéma. On a trop tendance à me mettre dans un écrin. Je suis toujours très maquillée, très bien habillée. Avec eux, je serais un peu bousculée. Ça m’obligerait à jouer autrement. Sinon, Jacques Audiard, évidemment, mais tout le monde veut travailler avec lui, non ? » Des envies de collaborations qui rappellent celles de sa mère, Marlène Jobert, qui a tourné avec Pialat, Godard ou encore Rappeneau. « Ma mère est toujours avec moi. J’en ai besoin. Elle me conseille, elle me recadre. C’est elle qui me ramène sur la terre ferme, quand je pourrais me laisser emporter par Hollywood et par toutes ces conneries. Surtout, elle est un exemple. Elle m’a appris que l’on pouvait être féminine et forte à la fois, que je n’avais pas à rougir d’être ce que je voulais être, que je n’avais pas à me laisser faire. »Comme sa fille aujourd’hui, Jobert s’amusait à mélanger les genres et à afficher haut et fort dans la France des années 1970 et 1980 l’image d’une féminité décomplexée et militante. « Ma mère me soutient dans ma carrière. Mais ça n’a pas dû être évident. C’est un métier de masochiste. Dépendre du désir des autres, c’est forcément se faire du mal. Et une mère doit avoir du mal à le supporter. »

300 : la Naissance d’un empire
de Noam Murro
avec Sullivan Stapleton, Eva Green…
Distribution : Warner Bros.
Durée : 1h42