Ce biopic, qui a reçu le label Cannes 2020, abordera la décennie 1970, charnière dans la carrière du réalisateur.
Évoquer Rainer Werner Fassbinder, c’est obligatoirement penser au mythique Tous les autres s’appellent Ali, (1974) remake du mélo Tout ce que le ciel permet de Douglas Sirk; au visage bouleversant de Hanna Schygulla dans Le Mariage de Maria Braun (1979), ou encore au magnifique drame queer L’Année des treize lunes (1981). Mais qui était ce cinéaste torturé et subversif, affilié au Nouveau cinéma allemand aux côtés de Margarethe von Trotta et Werner Herzog?
Dans son nouveau film intitulé Enfant terrible, Oskar Roehler (notamment remarqué pour son adaptation des Particules élémentaires en 2005) s’intéresse au parcours exceptionnel du réalisateur. Les exégètes de sa filmographie le savent déjà. Fassbinder était un grand conteur d’histoires d’amour impossibles sur fond de lutte des classes, habile observateur d’une Allemagne bourgeoise hanté par son passé nazi, enchaînée à ses réflexes intolérants.
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D’après le premier trailer officiel du film, Oskar Roehler a décidé de se focaliser sur la décennie 1970, durant laquelle ce démiurge acharné enchaîna les tournages. De sa direction d’acteurs méticuleuse à sa recherche de perfection plastique, en passant par son obsession pour les fractures politico-sociales, son engagement militant et son amour les personnages féminins, victimes se battant contre un système oppressif, Enfant terrible promet d’explorer les facettes les plus sombres de cette personnalité décédée tragiquement à l’âge de 37 ans d’une overdose, interprétée par Oliver Masucci. Nimbé dans une palette de lumières très graphiques, le film risque aussi d’aborder le goût de Fassbinder pour les saillies expérimentales – de longs plans-séquences ponctués de faux-raccords, des mouvements de caméra abrupts et des dialogues désynchronisés.
Image : Capture d’écran Youtube du trailer d’Enfant terrible