Nommé dix fois, le film de Jacques Audiard, déjà lauréat de deux prix cannois (celui de l’interprétation féminine pour ses quatre actrices Zoe Saldaña, Karla Sofía Gascón, Selena Gomez et Adriana Paz, et le Prix du jury) a dominé le palmarès de la cérémonie, qui s’est tenue cette nuit à Los Angeles. Cette ample fresque chantée (produite par Saint Laurent), qui raconte la transition d’un narcotrafiquante mexicaine, a remporté le trophée de la meilleure comédie, celui du meilleur film étranger, de la meilleure chanson pour El Mal, écrite par Clément Ducol, Camille et Jacques Audiard et le prix du meilleur second rôle féminin pour Saldaña.
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Dans un discours fort, prononcé en français, Jacques Audiard a dédié cette victoire « à tous ceux qui se sentent aujourd’hui inquiétés », les encourageant « à garder la tête haute, à continuer de se battre et d’espérer en des jours meilleurs ». Karla Sofía Gascón, qui interprète l’héroïne du film, a abondé en portant un message d’espoir : « Vous pouvez peut-être nous mettre en prison, vous pouvez nous battre, mais vous ne pourrez jamais nous enlever notre âme, notre résistance, notre identité. »
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Côté drame, le grand gagnant de la soirée est Brady Corbet, sacré meilleur réalisateur pour The Brutalist. Très attendu, le film raconte sur plus de trois heures le trouble destin d’un architecte réchappé des camps nazis, incarné par Adrien Brody, qui repart avec le prix du meilleur acteur.
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Le magistral come-back de Demi Moore dans The Substance a été récompensé par le prix de la meilleure actrice. Une reconnaissance d’autant plus forte que le film, parabole horrifique sur la date de péremption des actrices à Hollywood, parle avec cruauté de la misogynie dans le cinéma – ce que l’actrice s’est fait un plaisir de rappeler : « Je fais ce métier depuis plus de quarante-cinq ans et c’est la première fois que je gagne quoi que ce soit en tant qu’actrice. Il y a trente ans, un producteur m’avait dit que j’étais “une actrice pop-corn”, et à l’époque, j’y ai cru. Il y a quelques années, je me suis dit que c’était fini pour moi. Et alors que j’étais au plus bas, j’ai reçu ce scénario absolument audacieux, courageux, qui sortait des sentiers battus, et l’univers m’a dit : “Tu n’as pas terminé ton travail”, et je suis tellement reconnaissante envers Coralie Fargeat. »
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Quant à la Brésilienne Fernanda Torres, elle empoche le Golden Globe de la meilleure actrice dramatique pour le film de Walter Salles, Je suis toujours là, dans lequel elle campe avec ardeur une mère de famille à la recherche de son époux, disparu sous la dictature militaire qui sévissait à Rio, en 1971. Grand boudé de la soirée, Anora de Sean Baker, Palme d’or cannoise cité cinq fois, devrait peut-être prendre sa revanche lors de la cérémonie des Oscars, qui se tiendra le 2 mars prochain.
Le palmarès complet :
Meilleur film dramatique
The Brutalist
Meilleure comédie ou film musical
Emilia Pérez
Meilleure actrice dans un film dramatique
Fernanda Torres, Je suis toujours là
Meilleur acteur dans un film dramatique
Adrien Brody, The Brutalist
Meilleure actrice dans une comédie ou un film musical
Demi Moore, The Substance
Meilleur acteur dans une comédie ou un film musical
Sebastian Stan, A Different Man
Meilleur second rôle féminin
Zoe Saldaña, Emilia Pérez
Meilleur second rôle masculin
Kieran Culkin, A Real Pain
Meilleur film en langue non anglaise
Emilia Pérez
Meilleur film d’animation
Flow
Meilleure réalisation
Brady Corbet, The Brutalist
Prix du box-office
Meilleur scénario de film
Peter Straughan, Conclave
Meilleure musique originale
Trent Reznor, Atticus Ross, Challengers
Meilleure chanson originale
El mal, par Clément Ducol, Camille et Jacques Audiard (dans Emilia Pérez)