« Deep End », teen-movie sublime de Jerzy Skolimowski

Avant les teen-movies lascifs de Larry Clark (« Kids ») et ceux désabusés de Gus Van Sant (« Elephant », « Paranoid Park »), il y a eu « Deep End » de Jerzy Skolimowski, teen-movie étrange, comme sur le fil entre romantisme et grotesque.


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Dans le cadre de sa sélection du mois dédiée aux récits d’apprentissage, la Cinetek propose de revoir ce teen-movie étrange, comme sur le fil entre romantisme et grotesque.

Avant les teen-movies lascifs de Larry Clark (Kids, Bully) et ceux désabusés de Gus Van Sant (Elephant, Paranoid Park), il y a eu Deep End de Jerzy Skolimowski en 1971, chef-d’oeuvre longtemps resté confidentiel en raison de la rareté et du mauvais état de ses copies. Filmée entre les locaux d’une piscine, une entrée de boîte de nuit et quelques coins de rues enneigés, cette chronique laconique raconte l’histoire de Mike, un ado timide et déscolarisé qui devient employé dans un établissement de bains publics d’un quartier pauvre de Londres. Gardien privilégié de ce lieu glauque, il tente de séduire maladroitement sa collègue (Jane Asher), au rythme de l’eau vaseuse du bassin, et traîne ses pieds dans le Londres psychédélique de 1969, lointain cousin de celui du Blow-Up d’Antonioni. Dans ce huis clos mystérieux (tourné en partie dans les studios de la Bavaria près de Munich), Jerzy Skolimowski multiplie les effets de contraste – entre les couleurs pop et la grisaille de la ville, entre la mélancolie idéaliste de ses personnages et la trivialité des situations qui viennent balayer leurs rêves. Il faut aussi le revoir pour la façon dont le cinéaste filme son héros principal avec une naïveté érotique saisissante, pour sa façon de renverser les stéréotypes de genre – ici, c’est au garçon de jouer le vierge effarouché face à une femme libérée – et pour la musique ténébreuse de Cat Stevens.

Le film est visible juste ici.

Image: Copyright Carlotta Films