« David Lynch, une énigme à Hollywood » : un passionnant documentaire à voir sur Arte

Le cinéaste David Lynch vu par Laura Dern, Kyle McLachlan ou encore Naomi Watts : c’est le projet de cet enivrant documentaire, à voir en ce moment sur Arte. On y redécouvre le travail de cet artiste hors norme, avec ses intrigues irrésolues et ses obsessions esthétiques délirantes, à l’origine d’une filmographie qui a bouleversé le monde du cinéma.


David Lynch
© Potemkine Films

Comment l’œuvre de David Lynch a-t-elle façonné une nouvelle façon de faire et d’imaginer le cinéma ? C’est l’unique question à laquelle tente de répondre ce documentaire, abandonnant d’emblée l’idée de résoudre l’énigme de son titre, préférant plutôt éclairer les points culminants d’une carrière extraordinaire.

DAVID LYNCH, UNE ESTHÉTIQUE DE L’INCONSCIENT

La bonne manière de s’introduire dans le cinéma du mystérieux et provocant David Lynch, c’est peut-être d’abord de se laisser séduire par son univers esthétique, délicieusement coloré et outrancier, qui respire le sexe, le meurtre et la désolation. Trois thèmes sulfureux, qui, délicatement, infusent et impriment les esprits les plus réfractaires pour les plonger dans un univers déroutant, hors des sentiers battus.

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« Pour accéder à d’autres dimensions, il faut passer par quelque chose » affirme Lynch dans le documentaire faisant référence à l’oreille du film Blue Velvet, que Kyle McLachlan retrouve par hasard dans un champ. Un « orifice », comme un plot twist, duquel l’aspect surréel du film émerge et grâce auquel le film prend cet aspect lynchéen si particulier qui distend étrangement la réalité.

Des images troublantes et un univers à cheval entre le monde réel et celui de notre inconscient, qui balaye le monde pour en faire ressortir ce qu’il existe de plus sombre en nous. Un monde noir où la machine à rêves hollywoodienne se transforme en cauchemar bien réel, et où les petites villes de la campagne américaine, comme dans la démente série Twin Peaks, deviennent le terrain d’histoires moins anodines qu’elles n’y paraissent.

Isabella Rossellini dans "Blue Velvet"
Isabella Rossellini dans « Blue Velvet » © D.R.

UN DOCUMENTAIRE MODESTE

Commenté par les proches du cinéaste, tel que sa première compagne, les acteurs Kyle McLachlan, Laura Dern, Isabelle Rosselini ou Naomi Watts, la filmographie de David Lynch se déploie ici de manière chronologique, des premiers succès avec Eraserhead (1977), encensé par la scène artistique punk, à son délirant dernier long métrage Inland Empire (2007), en passant par les mythiques Mulholland Drive (2001) et Lost Higway (1997).

Un scénario de documentaire somme toute classique qui ne tombe jamais vraiment dans la démonstration, l’interprétation ou le psychanalytique mais donne seulement quelques clés à ceux qui souhaiterait (re)plonger dans l’univers opaque, propice à l’herméneutique, de Lynch. Une retenue qui préserve son « œuvre sacrée » comme on peut l’entendre dans le docu, résonne encore aujourd’hui et continuera de faire l’objet de maintes et maintes interprétations (qu’on se délecte toujours de lire et de commenter, évidemment !).

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