Du 7 au 13 janvier, on part avec Danielle Arbid pour un road-movie existentiel porté par Melvil Poupaud, on (re)découvre un chef-d’œuvre du muet signé Cecil B. DeMille ou encore un court-métrage de la pionnière Lois Weber.
Un homme perdu de Danielle Arbid (2006, 96 minutes)
Inspiré de la vie du photographe Antoine d’Agata, le deuxième long-métrage de la réalisatrice franco-libanaise Danielle Arbid est une plongée glaciale dans l’esprit torturé d’un reporter occidental (Melvil Poupaud) en quête de sensations extrêmes au Moyen-Orient. Le jour où il rencontre Fouad Saleh (Alexander Siddig), un homme amnésique qui a disparu à Beyrouth dix-sept ans plus tôt, Thomas entreprend de retracer son histoire tumultueuse, au risque de se perdre lui-même…
Distillant le malaise grâce à de longues séquences arides où son héros dilue peu à peu son identité dans une errance faite d’expériences sexuelles vaines, Danielle Arbid livre un road-movie troublant sur le mal-être et le pouvoir morbide des images, dans lequel l’érotisme devient laconique, et où les travellings contemplatifs épousent les ruminations silencieuses des personnages. Les inconditionnels de Michelangelo Antonioni reconnaîtront peut-être aussi, dans les paysages désolés et l’exil intérieur de personnages opaques, l’absence à soi-même que le réalisateur italien a si bien saisi dans Profession : Reporter.
À voir aussi : Lois Weber, Charlie Chaplin et quatre court-métrages de Walt Disney
Forfaiture de Cecil B. DeMille (1915, 58 minutes)
Pour saisir l’ampleur de la modernité du cinéma de Cecil B. DeMille, rien de tel que ce drame où s’entrechoquent discours politique, pulsions sensuelles et poids de l’ordre religieux. Le réalisateur y raconte la descente aux enfers d’une femme de la haute société (Fanny Ward), qui joue et perd à la Bourse les dix mille dollars de La Croix-Rouge dont elle est trésorière. Elle fait alors appel à Haka Arakau, magnat birman surnommé le roi de l’ivoire, qui exige en contrepartie de son aide qu’elle se donne à lui…
De ce scénario étrange, Cecil B. DeMille tire un film aussi audacieux dans ses thèmes – le choc des cultures, la libido féminine, la cupidité et le désir de posséder, le puritanisme américain – que dans sa forme – inoubliables clairs-obscurs épurés et gros plans sur les visages des acteurs – qui en font un chef-d’oeuvre du cinéma muet.
Aux côtés d’Alice Guy, première femme réalisatrice de l’histoire du cinéma, l’Américaine Lois Weber est une figure pionnière et avant-gardiste de l’âge d’or du cinéma muet. Dans Suspense, elle met en scène la course contre la montre ingénieuse d’une femme assaillie par un vagabond pénétrant dans sa maison, et prête à tout pour protéger son nourrisson. Lois Weber y utilise de façon précoce un écran divisé (ancêtre du split-screen) et un plan en plongée, deux techniques alors très peu connues, pour faire advenir le suspense à l’écran.
Histoire de réviser nos classiques, on se plonge dans L’Abécédaire de Chaplin, qui rassemble dans un montage dynamique et musical les thématiques qui traversent les films de Charles Chaplin, de A comme Amour à Z comme Zoo en passant par Fou, Police ou Vagabond. Et pour retrouver notre âme d’enfant, rendez-vous avec les premiers courts-métrages de Walt Disney, dont l’héroïne Alice, personnage réel, évolue dans un monde animé. Des petits bijoux d’inventivité où l’inventeur de Mickey expérimentait avec brio le mixage de dessins animés avec des prises de vue réelles.