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The King of Staten Island

  • Éric Vernay
  • 2020-07-17

Après une décennie 2010 moins inspirée (40 ans. Mode d’emploi, Crazy Amy), Judd Apatow remet en jeu sa couronne de roi de la comédie états-unienne avec The King of Staten Island ; et la conserve haut la main, nous arrachant quelques larmes au passage.

Vingt-quatre ans, toujours chez maman. Oh, Scott a des excuses, bien sûr. Ce Tanguy tatoué souffre de troubles de l’attention, d’une maladie intestinale et d’une bonne grosse dépression. Quand sa mère décide de sortir de dix-sept ans de veuvage, Scott se retrouve face à ses propres impasses. Chômeur, vaguement maqué, l’éternel ado végète avec ses potes fumeurs de weed, confortablement vautré dans son refus de grandir.

Pete Davidson as Scott Carlin in The King of Staten Island, directed by Judd Apatow.

 

Les fans de Judd Apatow ne seront pas dépaysés. Typique de ses alter ego, ce nouveau Peter Pan des suburbs s’inscrit dans la lignée antihéroïque entamée il y a quinze ans avec 40 ans, toujours puceau. Sauf que, loin de se limiter à cette veine régressive, le réalisateur creuse en parallèle un sillon plus névrosé, celui de Funny People – c’est là encore l’histoire d’un clown triste refusant de regarder sa tragédie en face.

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Car Scott a beau dégainer des blagues macabres, il ne s’est jamais vraiment remis du décès de son père, pompier mort en héros et dont la légende, plus encombrante que l’absence, l’empêche d’avancer. Dans le rôle de ce fils torturé, on découvre le visage cartoonesque de l’excellent Pete Davidson, humoriste lui aussi orphelin d’un père soldat du feu disparu dans les décombres du World Trade Center.

(from left) Scott Carlin (Pete Davidson) and Papa (Steve Buscemi) in The King of Staten Island, directed by Judd Apatow.

 

Semi-biographique, le film imagine son parcours s’il n’avait pas percé au Saturday Night Live, sous la forme « dramédique » d’une ode aux losers à l’imperfection si attachante, avec les terrains vagues de Staten Island pour cadre et les ritournelles plus galvanisantes que justes de Kid Cudi pour B.O. Cette odyssée vers la rive adulte s’avère plus chaotique pour certains.

Mais les retardataires sont toujours les premiers dans l’univers d’Apatow. On retrouve avec jubilation son art de la vanne qui s’étire et des seconds couteaux aiguisés avec le soin d’un James L. Brooks – Marisa Tomei, Steve Buscemi, le comique Bill Burr, l’épatante Bel Powley. Tous ces personnages sont tellement attachants que l’on voudrait rester plus longtemps avec chacun d’entre eux.

: de Judd Apatow, Universal Pictures (2h16), sortie le 22 juillet

Images : © UNIVERSAL STUDIOS. All Rights Reserved.

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