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« Terrible Jungle » : une comédie grinçante jusqu’au malaise
- Renan Cros
- 2020-07-20
Dans les années 1970, en France, on faisait de la comédie foutraque, méchante, absurde et terriblement drôle. Sous l’influence du Jean Yanne de Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ou des Chinois à Paris, Terrible jungle ravive cet esprit incorrect, à la fois poétique et acerbe, en s’amusant des tribulations et fantasmes coloniaux d’un jeune anthropologue naïf (Vincent Dedienne), parti à la rencontre d’une tribu cachée dans la jungle amazonienne, et de sa terrible mère dragon (Catherine Deneuve), venue à sa rescousse.
Faux film d’aventure, la comédie dérape constamment vers l’absurde, le bizarre, le cynisme, pour dézinguer avec un humour fou l’éternel et terrible mythe du « bon sauvage » et les récits d’exploration émerveillée qui vont avec. Tantôt grinçant jusqu’au malaise, tantôt joyeusement burlesque, le film pousse tous les curseurs à fond et offre à Vincent Dedienne, épatant et inquiétant, un premier rôle à sa démesure. En face, la reine Deneuve s’amuse et forme avec Dedienne et le génial Jonathan Cohen (dans un grand numéro de teubé de compet’) le trio réjouissant d’une comédie dingo qui ne ressemble à aucune autre.
Terrible Jungle d’Hugo Benamozig et David Caviglioli, Apollo Films (1 h 31), sortie le 29 juillet