
Des bottines en cuirs de croco magiques capables de ramener les morts à la vie (ou presque) : c’est le génial point de départ du film Prosper, l’histoire d’un jeune chauffeur Uber à côté de la plaque qui se retrouve avec un cadavre sur la banquette arrière de son taxi. La victime est un certain King, roi de la sape, abattu froidement juste avant de monter dans le véhicule.
En galère d’argent, Prosper vole la liasse de billets trouvée dans la poche du passager, lui pique ses chaussures et se débarrasse de son corps. Mais alors qu’il décide de porter les fameuses bottes en crocos qui le fascinent tant, Prosper se retrouve possédé par l’esprit du mort.
Débute alors une avalanche de quiproquos et une enquête débridée pour retrouver le responsable de cet assassinat qui remue la communauté des sapeurs.
Entre récit fantastique, film d’enquête et comédie de situation, Prosper navigue à vue dans un univers trop rarement montré à l’écran, celui de la sapologie. Ce mouvement culturel venu du Congo rassemble des dandys qui se réapproprient des pièces de grands couturiers et font de la sape un art de vivre à part entière.
De cette toile de fond, éclairé par une mise en scène sobre et élégante, émerge un film au concept étonnant, mené par le toujours aussi drôle Jean-Pascal Zadi, hyper à l’aise dans ce double rôle poilant. À cette occasion, il est accompagné de l’actrice et mannequin Cindy Bruna, dont c’est le premier grand rôle à l’écran.
Un duo atypique pour un film hyper chic et singulier qui, sous son ton léger, aborde les questions de l’identité et de la quête de soi. Ici, le vêtement est autant un moyen d’exister et d’affirmer son statut qu’une manière de réunir et d’affirmer la force de la communauté.
Prosper de Yohann Gloaguen, sortie le 19 mars, Le Pacte (1 h 32)