Sur les traces de Citizen Kane, Maria, le biopic consacré à la Callas par le cinéaste chilien Pablo Larraín, s’ouvre sur le corps inanimé de la diva pour remonter par fragments hallucinatoires le fil de sa vie.
Tragique comme les rôles qu’elle a interprétés à l’opéra, son histoire est racontée de son point de vue, alors qu’elle est plongée dans la dépression et l’addiction aux psychotropes. Larraín embrasse ainsi le surplace d’une diva qui ne chante plus et ne sait alors plus qui elle est. Elle traverse Paris, sa dernière demeure, comme une scène, du salon de son luxueux appartement à l’esplanade du Trocadéro, ou s’adresse en gros plan directement aux spectateurs.
Dans ce film aux couleurs chaudes, les irruptions de scènes en noir et blanc contribuent à faire de l’évocation de la vie de la diva une histoire de fantômes et de possession. Pour pouvoir fondre sa voix avec celle de la Callas par la magie du mixage, Angelina Jolie a appris le chant lyrique pendant des mois. L’actrice américaine parvient à se faire oublier derrière son personnage sans pour autant jouer la transformation à grand renfort de maquillage.
Dans cet équilibre, Larraín semble autant chercher le mystère de l’art de l’actrice que celui de la chanteuse, silhouette frêle et conquérante dans l’immensité des décors.