Inspiré par un solo de danse bouleversant, Les Enfants d’Isadora sonde les questions de la transmission et du geste guérisseur. « La vraie danse est la force de la douceur », écrivait, dans son autobiographie, Isadora Duncan, prêtresse de la danse contemporaine. C’est après la mort tragique de ses deux jeunes enfants qu’elle crée La Mère, adieu dansé que découvrent, dans le film, quatre femmes de notre époque. Damien Manivel – dont Le Parc et Un jeune poète disaient déjà le goût pour l’épure comme moteur de l’émotion – suit de manière presque documentaire le temps de la création autour d’une œuvre dont ne subsiste quasiment aucune trace. Ancien danseur, le réalisateur interroge la renaissance par le mouvement, l’idée sublime de puiser dans l’œuvre d’une autre un éveil de soi et une réflexion sur la maternité. L’image, d’abord diaphane, comme prête à vaciller, se fait de plus en plus nette à mesure que le travail s’installe, tant dans le temps que dans l’espace. Un bercement aux lignes amples et pures passe des bras d’Agathe Bonitzer à ceux d’Elsa Wolliaston, toutes deux habitées par le geste ; et de la douleur s’extirpe la beauté.
Les Enfants d’Isadora de Damien Manivel, Shellac (1 h 24), sortie le 20 novembre
Image : Les Enfants d’Isadora de Damien Manivel – Copyright Shellac Distribution