
Situé à Copenhague en 1918, juste après la Première Guerre mondiale, le nouveau film du Suédois Magnus von Horn (réalisateur du remarqué Sweat en 2022) suit l’existence précaire de Karoline (Victoria Carmen Sonne), ouvrière dans un atelier de confection dont le mari a disparu au front.
Mise enceinte par son patron, qui lui a promis monts et merveilles avant de l’abandonner, la jeune femme se retrouve avec un bébé et sans le sou. Elle va alors se lier d’amitié avec Dagmar (Trine Dyrholm, notamment vue dans Festen), épicière qui dirige une agence d’adoption clandestine et cache un effrayant secret… Inspiré d’une célèbre affaire criminelle danoise, qui a traumatisé le pays dans les années 1920, La Jeune Femme à l’aiguille adopte la forme d’un conte horrifique où se croisent de grandes figures dignes d’une fable : une jeune ingénue vivant dans un grenier, un prince charmant qui révèle sa monstruosité, une sorcière dissimulée dans une boutique de bonbons…
Déployant un splendide noir et blanc qui donne à chaque plan les allures d’une peinture atemporelle, von Horn intensifie la portée de cette histoire d’individus non désirés, d’ostracisme généralisé et de repères moraux troublés pour nous inviter avec talent à regarder en face les souffrances et injustices que l’on s’efforce souvent d’ignorer.
La Jeune Femme à l’aiguille de Magnus von Horn, sortie le 9 avril, Bac Films (2 h 02)