La géniale Claire Denis est la rédactrice en chef du jour de TROISCOULEURS. Films, podcasts, lectures, musique : tout au long de la journée, la cinéaste vous donne ses conseils de confinement. On continue avec le film Ni juge, ni soumise de Jean Libon et Yves Hinant :
Le mot de Claire Denis : « C’est la chose la plus géniale qui soit, la juge au centre du film ne confond pas justice et morale, elle est libre, comme en mission. Ça en dit beaucoup sur la liberté d’une femme. Ça donne des forces. »
Pour leur passage au long métrage, les deux documentaristes l’ont accompagnée pendant trois ans, avec pour fil rouge le meurtre non élucidé il y a une vingtaine d’années de deux prostituées. La magistrate espère qu’avec l’aide des nouvelles technologies le Cluedo bruxellois prendra fin et qu’un coupable sera enfin désigné. Ce cold case, rythmé à coup d’exhumation de cadavre et de recherche de vieux préservatif, est entrecoupé par le quotidien professionnel de la juge, avec des cas allant de l’agression à l’infanticide, du vol à des affaires de consanguinité. Ceux qui comparaissent dans le bureau de la très crue et ouverte Anne Gruwez dressent un portrait en négatif d’une certaine société occidentale, d’une réalité que l’on refuse souvent de voir, si peu photogénique, souvent dérangeante.
Elle est d’autant mieux saisie qu’elle passe par la caméra discrète, impertinente et sans artifices des cinéastes. Malgré un format plus long qu’à la télévision, Jean Libon et Yves Hinant ne se départissent pas de ce qui a fait leur succès, soit un voyeurisme réflexif, sans commentaire, parfois décrié, provoquant rire gêné et moue écœurée. Ni juge, ni soumise attise nos plus bas instincts pour mieux révéler notre part d’humanité. Et tant pis si ça pique un peu.
Le film est visible en replay sur France 3, suivez ce lien !
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