
LE FILM : Felix in Wonderland
A 14 ans, Félix Kubin donnait déjà des concerts avec Stefan Mohr. Les acolytes du duo Die Egozentrischen Zwei théorisaient leur musique avec le sérieux de ceux pour qui elle est vitale. Trente-cinq ans plus tard, le prince de la musique électro allemande danse frénétiquement pour la caméra de Marie Losier sur l’une de ses compositions du passé, comme si son âge régressait avec le temps.
Felix in Wonderland dresse son portrait en Peter Pan, personnage éternellement jeune, qui joue avec son apparence en endossant des costumes fantasques. Comme un enfant curieux, il se balade dans les rues tendant son micro à la gueule d’un chien ou à une poubelle pour créer une musique bruitiste aux atmosphères extraterrestres.
Marie Losier s’amuse à lui faire performer des mises en scènes grotesques, gores ou oniriques dans lesquelles l’artiste s’auto-opère pour découvrir de quelle matière il est réellement fait. Dans ce laboratoire de petit chimiste, la cinéaste et le musicien bricolent en miroir une œuvre métaphysique faite de bouts de ficelle.
: Felix in Wonderland de Marie Losier, à voir gratuitement du 5 juin au 2 septembre 2021 sur Arte.
LA FILMEUSE : Marie Losier
C’est toujours sous la forme d’un long compagnonnage avec leur sujet que naissent les films de Marie Losier, qui questionne chaque fois le corps, le processus créatif, la marge. Elle a d’abord longuement côtoyé des cinéastes en programmant leurs œuvres pour l’Alliance française de New York. À 49 ans, l’artiste et réalisatrice française bricole des portraits caméléons, toujours en pellicule, qui prennent les traits de celles et ceux qu’elle regarde.
Tout en continuant à réaliser des courts (Alan Vega, Just a Million Dreams en 2013 ou L’Oiseau de la nuit en 2015) –, elle s’est lancée en 2011 dans le long métrage avec , qui racontait la folle et tragique histoire d’amour de Genesis P-Orridge, figure mythique de la scène underground qui tenta, grâce à la chirurgie, de ressembler à sa femme. Cassandro The Exotico!, son deuxième long sorti en en 2018, suit avec grâce, énergie et empathie les dernières années de carrière d’une figure de Lucha Libre qui, comme tous les personnages de la galerie Losier, s’élève au rang de héros de fiction.
Images du film : © Ecce Films
Portrait Marie Losier : © Paloma Pineda pour TROISCOULEURS