Like Someone in Love d’Abbas Kiarostami (2012, 105’, Iran/Japon)
Akiko (Rin Takanashi) est étudiante le jour, prostituée la nuit, et tente de cacher à son petit ami sa double vie. Un jour, Takashi, un vieux professeur fait appel à ses services, et un lien inexplicable se noue entre eux, entraînant les personnages dans une relation triangulaire où personne ne sait où commence et finit la sincérité…
Expatrié au Japon, le cinéaste iranien nous immerge dans la traversée nocturne de deux êtres dont on ne connaîtra jamais la nature des sentiments. À la psychologisation, Kiarostami préfère le pouvoir de l’évocation (hors champs suggestifs, reflets mélancoliques de la ville dans les vitres, lumières qui pénètrent l’enclos d’une voiture…), et un certain laconisme propre à l’art des haïkus. Tout comme ces poèmes brefs et humbles, qui semblent disparaître une fois prononcés, Like Someone in Love est un bijou d’évanescence.
Plaisir d’amour en Iran d’Agnès Varda (1976, 6′, France)
Ispahan, en Iran, à la fin des années 1970. Deux amoureux s’échangent en voix-off des mots doux, puis charnels, dans des décors orientaux sublimes, ronds et voluptueux. Elle est Française, lui est Iranien. Un point de départ très simple, comme souvent chez la géniale et regrettée , qui prend ici un malin plaisir à confectionner à partir de cette matière des images d’une sensualité désarmante.
Dans ce court-métrage, elle imbrique les silhouettes aux objets environnants, entremêle les corps à l’architecture, pour élaborer un puissant hymne à la liberté des femmes. Ici, c’est elle qui parle crûment, ouvertement de ses désirs, et lui qui se laisse pudiquement porté par ces paroles.
Un court-métrage pour le goûter : « Plaisir d’amour en Iran » d’Agnès Varda
Les Médiateurs du Pacifique de Charles Belmont (1997, 115’, France)
Le 26 juin 1988, alors que la guerre civile fait rage en Nouvelle-Calédonie, le chef des indépendantistes kanaks Jean-Marie Tjibaou et le leader caldoche Jacques Lafleur se serrent la main sur le perron de l’hôtel Matignon, au terme de longues discussions qui viennent d’aboutir à un accord… Quels événements diplomatiques ont permis cette réconciliation ?
Charles Belmont s’empare avec talent de ce sujet d’actualité brûlant, pour retracer cette négociation sur le fil du rasoir, initiée par Michel Rocard. Premier ministre de l’époque, il tenta de rétablir la paix, une solution inédite : une mission de dialogue composée de sept hommes totalement différents, les médiateurs du Pacifique.
Les bandes-annonces vintage du cycle Antoine Doinel (12’, France)
« Idéalement, une bonne scène Doinel, c’est une scène qui doit amuser les uns et rendre les autres un peu tristes », disait à propos de l’éducation sentimentale de son personnage phare, alter ego romanesque dont il a suivi l’évolution pendant vingt ans. La saga Doinel appuie-t-elle plus sur votre veine nostalgique ou ironique ? Il est temps de le (re)découvrir grâce à la ressortie en salles des cinq films qui forment ce cycle culte – Les Quatre Cents Coups, Antoine et Colette, Baisers volés, Domicile conjugal et L’Amour en fuite.
Parallèlement à cette rétrospective, on se délecte avec ces bandes annonces au charme délicieusement désuet, qui revisitent l’univers des films façon old school. Signées de l’artiste français Tom Haugomat, elles nous font revivre la soif de liberté, les doutes romantiques et existentiels de personnage incarné par Jean-Pierre Léaud.
PORTFOLIO – Tom Haugomat, l’enfance de l’artAntoine Doinel, la fougue de la jeunesse