Lorsqu’il était jeune cinéaste, Vincent Le Port fut subjugué par la beauté et la liberté du film d’Oskar Fischinger, La Marche de Munich à Berlin. Le cinéaste et peintre allemand profita en 1927 d’un déménagement pour parcourir à pied la distance qui séparait les deux villes d’Allemagne, filmant image par image avec une petite caméra 35mm et une simple bobine de pellicule les paysages qu’il traversait et les personnes qu’il croisait. Fischinger tenta une percée à Hollywood mais resta l’artisan malheureux et non crédité de séquences abstraites de chefs d’œuvres signés Disney, comme Fantasia.
Tout en préparant , Vincent Le Port, , a tourné son remake de La Marche de Munich à Berlin, rendant ainsi hommage au cinéaste qui, à l’orée du parlant, se servit de l’écran de cinéma comme d’une toile géante pour offrir une danse de formes et de couleurs. Le cinéaste breton reproduit le même geste, près de cent ans plus tard, traçant à pied les six cents kilomètres qui séparent la capitale française de la pointe du Finistère. Il filme son périple au rythme joyeux d’un air qui sonne comme une marche bretonne, et fait de ces quelques minutes de cinéma un regard sautillant sur le monde.
En empruntant des chemins de traverse, le réalisateur croise des travailleurs, bûcherons ou maçons dont il tire le portrait, contemple le miroitement du soleil dans les frondaisons et oppose à ces plans inhabités l’allure accélérée de troupeaux de vaches ou de flots de voitures qui remplissent les autoroutes. Ce film fait de jeux de lumière et de mouvements s’offre comme un haïku qui revient à l’essence même du cinéma.
Le film est disponible gratuitement sur mk2 Curiosity du 24 au 31 mars. Pour le voir, suivez ce lien.
Images : © Stank