A voir sur mk2 curiosity : « Je m’appelle Hmmm… » d’agnès b.

En 2013, la styliste agnès b. s’attaquait aux violences sexuelles intra-familiales avec ce road-trip dans lequel une fillette suit un routier endeuillé.


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Céline, une fillette d’une dizaine d’années (Lou-Lélia Demeriac) victime d’agressions sexuelles commises par son père (Jacques Bonnafé), profite d’une classe de mer avec son école pour fuguer, le temps d’un road trip avec un routier endeuillé qu’elle rencontre par hasard.  Cet homme paraît bienveillant mais peut-elle lui faire confiance ? En 2013, Agnès Troublé, plus connue sous son pseudo d’agnès b., s’attaquait courageusement aux violences sexuelles intra-familiales et aux non-dits qui les accompagnent, ce que suggère le nom que se choisit la fillette durant son voyage – « hmmm », une onomatopée qui dit toute la silenciation à laquelle elle est soumise.

Cette fuite de Céline qui apparaît comme un possible chemin pour se reconstruire loin de son bourreau, la cinéaste la circonscrit dans des lieux communs, chroniquant la misère sociale et la solitude. Des restaus routiers, des aires désertes, des gares standardisées, ces zones d’effacement et d’oubli où perce quand même le traumatisme du viol incestueux, manifesté par de réguliers arrêts sur images qui disent toute sa persistance et sa récurrence.  A travers l’imaginaire néo-beat que Troublé s’approprie avec une grande sensibilité, affleure aussi son goût pour les outsiders et les artistes qu’elle a toujours défendus dans son parcours de styliste et de mécène. Ils apparaissent ici non pas comme une forme de salut pour Céline mais bien comme des compagnons de route qui éclairent son difficile et douloureux chemin de victime.