White Building porte la marque de ses producteurs : du cinéaste chinois (A Touch of Sin, 2013), on retrouve l’attention au poids des mutations urbaines à l’ère capitaliste ; du réalisateur cambodgien Davy Chou (Diamond Island, 2016), ce flottement rêveur dans de longues virées en scooter. Mais le film se fait surtout le relai d’une nouvelle voix. Né en 1987, Neang Kavich (déjà auteur de quelques courts et documentaires) se projette dans son héros, Samnang, 20 ans, car leur histoire est proche.
Tandis que le personnage répète ses chorés hip-hop avec ses amis, ses parents et les locataires du White Building (un bâtiment délabré de Phnom Penh où le cinéaste a vécu, détruit en 2017) négocient avec les promoteurs. Ceux-ci ont prévu de leur donner une compensation pour qu’ils s’en aillent, afin de pouvoir reconstruire des locaux plus lucratifs…
À travers la métaphore de la nécrose, celle qui touche la jambe du père de Samnang et celle de l’immeuble qui s’altère dangereusement, Neang Kavich saisit l’enlisement lié à la précarité autant que le gouffre entre les générations. Car, quand Samnang tente de raisonner son père qui refuse de se faire soigner ou quand il tente de se faire entendre sur le devenir du White Building, il ne se heurte qu’à un mur.
White Building de Neang Kavich, Les Films du Losange (1 h 30), sortie le 22 décembre
Image (c) Les Films du Losange