Se déroulant sur une trentaine d’années, le film de Małgorzata Szumowska (Elles, 2012, avec Juliette Binoche) et Michał Englert fait le récit d’Aniela, qui s’appelait encore Andrzej dans les années 1980. Malgré une vie familiale et professionnelle épanouissante, Aniela exprime rapidement un mal-être lié à son identité de genre. C’est au détour d’un ralenti que la mise en scène bouscule son réalisme pour capter Aniela dans la recherche de sa féminité. Suivant sa transition, le film dénonce aussi l’ostracisme et la violence exercée en Pologne, où le communisme d’État se désagrège.
En pleine chute de l’U.R.S.S., alors que l’héroïne participe à une manifestation, le film se révèle dans la médiation entre le corps d’Aniela et le corps collectif d’un pays, lui aussi en transition. Sans se cantonner à la transidentité de sa protagoniste, Une autre vie que la mienne se démarque également par la romance qu’Aniela vit avec Iza, son épouse. Alors que le couple est malmené au fil des années, les retrouvailles marquent chaque fois une évolution relationnelle. De façon subtile, le film sonde la complexité des sentiments d’Aniela, tiraillée entre le besoin d’assumer son identité et la peur d’être rejetée par sa femme et ses enfants. En s’affranchissant des normes sociales traditionnelles, Aniela et Iza trouvent une échappée, l’espoir de réinventer leur relation et leur amour.
Une autre vie que la mienne de Małgorzata Szumowska et Michał Englert, UFO (2 h 04), sortie le 29 mai
Image : © UFO Distribution