C’est par une chronique bien terne du mariage que commence The Housewife, adaptation d’un roman de Rio Shimamoto, lui-même transposition moderne d’une pièce d’Ibsen. Toko, la trentaine, s’efface dans son dévouement à son mari, à la maternité, à la vie domestique. Mais une aventure avec un ex va lui donner la force de tout démolir pour pouvoir tout rebâtir.
En revendiquant soudain une sexualité passionnée avec plusieurs hommes, que Yukiko Mishima filme dans une lumière blanche et crue, comme pour mieux retranscrire la détermination de son héroïne ; en se recalant sur son ambition de devenir architecte ; et en s’éloignant peu à peu de sa fille, et surtout de son mari.
Avec méticulosité, la cinéaste s’emploie à fustiger tous les freins que mettra le patriarcat à son héroïne, toute la culpabilité qu’il fera peser sur elle. Mishima figure une société japonaise qui s’arc-boute sur la seule cellule familiale. Deux personnages perturbent alors cet ordre morose, Toko d’une part, sa mère d’autre part.
Cette dernière n’a pas du tout une fibre maternelle, elle n’a pas été aimante. Mais, dans une scène, il y a comme un passage de relais entre les deux femmes – toutes les deux se sont défaits des regards aliénants qui auraient voulu les façonner, les contraindre.
The Housewife de Yukiko Mishima, Art House (2 h 03), sortie le 9 mars
Image : Tasuku Emoto et Kaho dans The Housewife, Copyright Art House