« The Beta Test » : Hollywood à bout de souffle

Le réalisateur indé Jim Cummings, auteur du détonant « Thunder Road » en 2018, suit ici un agent de Hollywood au bord de la crise de nerfs. L’occasion d’égratigner l’industrie du cinéma avec un enthousiasme furieux et de réfléchir aux effets de l’effritement du patriarcat.


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De quoi les hommes ont-ils peur, à l’heure où Internet offre à la fois une foule de possibilités et de menaces, et où la masculinité toxique n’est plus acceptable en public mais reste la norme dès que se referment les portes des appartements et des salles de réunion ? C’est la question que pose Jim Cummings dans The Beta Test, coécrit avec PJ McCabe. Soit l’histoire de Jordan Hines (Jim Cummings, habitué à tenir le rôle principal de ses propres films), employé cravaté d’une agence d’acteurs holly­woodienne et sur le point de se marier. Sa vie balisée bascule lorsqu’il reçoit une lettre l’invitant dans une chambre d’hôtel avec une inconnue. D’abord hésitant, le jeune requin finit par céder à la tentation, puis à la paranoïa, déchiré entre l’envie de revoir sa conquête d’un après-midi et la peur d’avoir été piégé.

Avançant d’abord comme un thriller érotique, le film s’affirme peu à peu comme la satire férocement hilarante d’une industrie hollywoodienne à bout de souffle – et de cocaïne – qui ne se remet toujours pas de la chute de Harvey Weinstein. Tout y est aussi brutal et sexiste qu’avant mais il faut, devant la toute-puissance des réseaux sociaux, déployer plus d’efforts pour le cacher. Et Jordan Hines, qui offre le même sourire forcé à ses clients qu’à sa fiancée, est l’incarnation de cette hypocrisie aliénante.

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Au montage, Jim Cummings s’amuse à créer le malaise en apposant une bande-son grinçante sur Los Angeles baignée de lumière. Devant la caméra, le voilà qui joue de l’hyperélasticité de son visage pour révéler, avec un burlesque cathartique qui n’est pas sans rappeler Jim Carrey, tous les tiraillements intérieurs de son personnage. Avec Jordan Hines, ce sont tous les mâles qui chancellent alors que s’effrite le patriarcat qui les a couvés si longtemps. Et, derrière Hollywood, c’est bien l’Amérique qui vacille et se demande, non plus si le rêve américain est toujours accessible, mais bien de quoi elle rêve encore exactement.