« Omar la fraise » d’Elias Belkeddar : l’arnaque dans la peau

[CRITIQUE] Reda Kateb et Benoît Magimel forment un duo irrésistible de gangsters branques dans ce film survitaminé d’Elias Belkeddar (auteur du court Un jour de mariage et scénariste d’Athena de Romain Gavras), sélectionné en Séance de minuit à Cannes, qui affirme son côté bourrin pour mieux le mettre à distance.


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Ah çà ! ça roule des mécaniques, dans Omar la Fraise. On emploie volontairement cette expression délicieusement vintage pour dire à quel point Omar (Reda Kateb) et Roger (Benoît Magimel) font figure de fossiles dans la société actuelle. Le premier, débarqué en Algérie, parce que sinon il se serait fait coffrer en France, se la joue Scarface en exhibant ses petits muscles à n’importe quelle occasion et en faisant des moues pincées-yeux froncés bien tartes.

Le second, qui l’a suivi par amitié (et certainement parce qu’il n’avait rien à faire de sa vie, de toute façon), est incarné par un Magimel des grands jours, costume blanc et lunettes fumées, comme pour prolonger son rôle de baratineur à côté de la plaque dans Pacifiction. Tourment sur les îles d’Albert Serra. Alors qu’ils tentent de se remettre dans des combines de malfrats de pacotille pour se refaire – Omar se retrouve, on ne sait par quel miracle, à la tête d’une usine –, Elias Belkeddar leur donne une verve tarantinesque : ce sont des gangsters déliquescents, qui s’agitent dans un monde qu’ils ne comprennent plus et tentent de s’en sortir avec ce qui leur reste, une sorte de bago viril assez pathétique – mais très drôle.

Omar la Fraise d’Elias Belkeddar, StudioCanal, sortie le 24 mai

Image (c) Studio Canal