Au gré d’une enfance nimbée de la lumière du Sud, entre ateliers d’éveil artistique et lectures voraces, Marion Burger s’oriente vers les matières et les couleurs. « Rester à plat, c’était pas trop mon truc, j’avais besoin d’un rapport physique aux choses. » Après une école de design graphique et d’illustration, elle intègre Duperré pour « développer un univers à travers la texture, trouver du sens dans le lien entre les choses ». Alors qu’elle s’apprête à entrer en dernière année, en 2008, son père est victime d’un AVC, et elle passe un été aux abords de l’hôpital avec une cousine réalisatrice. Germe l’idée d’une carrière comme décoratrice, qui débute dans le court métrage et qu’elle nourrit de projets soignés chez la jeune garde du cinéma indépendant – Divines de Houda Benyamina (2016), Gagarine de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh (2020), Un petit frère de Léonor Serraille (2022).
Son empathie et sa trajectoire intime, marquée par l’aphasie de son père, lui font imaginer un « film d’animation ou un documentaire onirique, dans lequel expliquer les choses par la métaphore, pour mettre de la pudeur ». En 2017, Ilan Cohen, assistant-réalisateur, l’oriente vers la VR. Au creux d’un monde au fusain, comme crayonné avant l’oubli, naît Empereur, œuvre de quarante minutes narrée par Vimala Pons dans laquelle on explore un champ de souvenirs pour reconstituer les fragments d’une relation père-fille. « L’aphasie y est comme un pays lointain, une métaphore de l’endroit où j’ai l’impression que mon père navigue. » Cette quête nimbée d’onirisme trouve un délicat écho au sein du deuxième film de Jérémy Clapin, Pendant ce temps sur Terre, dont Marion Burger signe les décors et dont la sortie est prévue pour juillet.
Photographie : Julien Liénard pour TROISCOULEURS