NOUVELLE STAR · Lucie Demange : « Ce qui m’intéresse, c’est de remettre de l’affect au centre des questionnements politiques »

Avec son deuxième court documentaire « Quitter Chouchou », présenté au festival Silhouette en septembre, Lucie Demange confronte son identité queer aux réactions de sa mère, aimante mais dépassée. Une rencontre entre l’intime et le politique, filmée avec du cœur et de la bonne humeur.


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Pile à l’heure pour notre rendez-vous en visio, Lucie Demange, 28 ans, nous apparaît un large sourire aux lèvres et l’air décontracté. Deux courts métrages lui ont suffi pour prouver sa capacité à s’emparer du réel pour délivrer des histoires intimes, aussi joyeuses que saisissantes. Dans Quitter Chouchou (2023), son dernier court, sa mère, en pleine séparation d’avec un compagnon qui refuse de partir de chez elle, n’accepte pas que son enfant, qu’elle considère comme une fille, ait une apparence masculine. Lucie Demange, qui a un rapport fluide à son genre, filme sa relation à elle avec beaucoup de malice et de délicatesse. Son film est à son image : débordant d’énergie et plein d’humour. D’un ton enjoué, iel raconte : « J’adore le tragicomique, surtout quand on aborde des sujets lourds. Paradoxalement, en les faisant gagner en légèreté, on les fait gagner en force. »

C’est pendant ses études de cinéma à la CinéFabrique de Lyon que Lucie Demange se lance dans la réalisation de son premier court documentaire, un genre qui lui plaît par sa capacité à « montrer ce que la fiction ne peut pas écrire ». Coréalisé avec Adèle Galliot et Carla Hennequart, Sainté capitale des queers (2020) suit la préparation de la Charbon Paillettes (une soirée queer que Lucie Demange coorganisait à Saint-Étienne), en se concentrant avant tout sur les liens qui se tissent entre les membres de l’organisation. « Ce qui m’intéresse, c’est de remettre de l’affect au centre des questionnements politiques », explique-t-iel. Aujourd’hui, la fiction lui fait de l’œil. Son prochain projet pourrait être une comédie musicale, réalisée avec l’aide de son groupe de rock Les poulets sans tête. Ça tombe bien, les paroles subversives de leur titre « Bébé travelo » qui clôt Quitter Chouchou résonnent encore dans nos esprits.

Photographie : Cha Gonzalez pour TROISCOULEURS