L’attaché de presse du film nous prévient : la cinéaste n’est pas hyper à l’aise en entretien. Pourtant, quand on discute avec elle via Zoom (en naviguant entre l’anglais, le français et l’espagnol), tout est très fluide. Les rayons du soleil de Madrid (où elle vit) éclairant son visage, elle nous parle avec passion de ce récit beau et surprenant – dans lequel elle joue – sur des comédiennes de théâtre se retrouvant, un été, dans une maison de campagne sans wi-fi, pour répéter une pièce. Les mouvements de caméra doux et sensuels, les paroles spontanées se laissent parfois percer par une déchirante mélancolie, qui s’évapore dans le plaisir du jeu, qu’Itsaso Arana porte en elle depuis petite.
Née à Tafalla, en Navarre, en 1985, cette grande timide part étudier à l’Académie royale supérieure d’art dramatique de Madrid à l’âge de 19 ans. Elle monte ensuite sa troupe de théâtre, La Tristura – avec ses amis, elle écrit et met en scène des pièces. Elle commence le cinéma dans sa trentaine, est révélée en 2020 dans Eva en août (dont elle a coécrit le scénario, inspiré de sa vie) de Jonás Trueba. Puis elle tourne ce premier long en « quinze jours ».
Une expérience aussi flippante qu’exaltante : « J’ai senti que c’était le moment. La forme finale que ça allait prendre ne m’importait pas. Personne ne l’attendait, et on l’a fait ! » Comme Jacques Rivette, la cinéaste a pensé librement son film, impliqué totalement ses actrices. On sent paradoxalement l’épanouissement d’Itsaso Arana dans ce film en constante construction. Elle ne sait pas si elle en réalisera d’autres. On l’espère et on se dit, comme elle nous l’apprend si bien, qu’il faut laisser le temps faire son œuvre.
Les filles vont bien d’Itsaso Arana, Arizona (1 h 26), sortie le 29 novembre.
Photo (c) Andrés García Lujan