Ancien de l’École Duperré, féru de dessin, François Robic atterrit à la Fémis au département décor en 2017. S’y modèle un univers vaporeux, où les femmes conversent avec les spectres du passé (Trois Femmes brûlées, 2023) ou engagent d’âpres questionnements sur l’avenir (Rien d’important, 2022, présélectionné aux César), dans un solide ancrage en Ariège, où Robic réside aujourd’hui à mi-temps.
Ce grand randonneur enregistre le silence énigmatique des forêts et des pics enrobés de brume, un territoire où s’éprouvent les départs, les retours et les disparitions. « L’écriture d’un film est un travail assez introspectif de regard en arrière ; ce n’est pas un hasard si beaucoup de trentenaires créent des personnages de dix ans de moins… », analyse-t-il à l’orée de la trentaine.
Dans son premier long métrage documentaire, Des hommes désintéressés, il suit des enquêteurs bénévoles qui tentent de retrouver Julie Michel, jeune femme qui s’est volatilisée en 2015, en Ariège toujours. « Je voulais déconstruire mes idées reçues sur leur rapport, qui peut paraître ambivalent, à cette disparition, et je les ai filmés de manière très proche pour montrer mon engagement à exclure tout mensonge à leur sujet. »
Actuellement en préproduction, Le Royaume des aveugles, son premier long de fiction, suivra une femme (Ariane Labed) de retour dans son village natal après des années d’exil. « Je souhaite vraiment faire un film à l’intérieur de la ruralité qui est la mienne, proposer une histoire romanesque et pleine de suspense à partir de ce matériau-là », pose-t-il sans mystère, mais le regard piqué de mélancolie.